Je découvre "Bug" près de 20 ans après sa sortie. Il semble qu'à l'époque il n'avait pas convaincu grand monde. Et aujourd'hui, les avis sont toujours polarisés. Il faut dire que le genre du film est indéfinissable. Comédie ? Horreur ? Thriller ? Un peu de tout ça... De quoi déstabiliser ! Pour autant, je trouve que les thématiques du film résonne encore plus de nos jours.
On suit deux personnages paumés, quelques jours dans un motel miteux. Agnes est une serveuse écorchée, au passé douloureux, dont le dangereux ex-mari refait surface. Peter est un vagabond bien éduqué et apparence gentillet, dont les qualité de "perceptions" vont en réalité trop loin...
Il est moins question ici de folie que de paranoïa et de complotisme. On retrouve les schémas de base de personnes s'enfermant dans leur vérité absurde. Parvenant à manipuler les faibles pour qu'ils les rejoignent. Puis détournant le moindre fait à leur sauce pour s'auto-convaincre de théories fumeuses.
Par ailleurs, William Friedkin a une approche plutôt maligne. Loin d'enfoncer ses personnages, il les soumet réellement à des situations étranges qui ont de quoi faire douter le spectateur de la vérité. Des coups de fils bizarres, des extérieurs menaçants... Hallucinations ? Parano bien fondée ? Gros délire cinématographique ?
Certes, tout ceci met un peu de temps à démarrer. Au départ, on a un peu de mal à voir où tout cela va mener. Mais les quarante dernières minutes sont un plaisir. Entre des décors qui muent peu à peu vers le cauchemardesque. Quelques scènes chocs qui fonctionnent bien.
Et évidemment, nos deux acteurs qui se lâchent complètement. Ashley Judd, enlaidie (ne faites pas confiance à l'affiche !), en femme totalement déboussolée qui va embrasser les théories foireuses de son nouvel ami. Michael Shannon, en inconnu limite charmant qui péter les plombs.
"Bug" ne sera pas pour tout le monde, mais demeure un exercice filmique intéressant.