Fast & serious
Pour le novice désireux de se faire une idée de la quintessence des 70’s, le générique de Bullitt est l’exemple parfait : travelling latéraux sur le mobilier d’un autre temps, police de caractère,...
le 11 juin 2016
65 j'aime
8
Non seulement Bullitt est un bon film, mais aussi il marque une date importante dans l'histoire du film policier américain. Réalisé en 1968, il se débarrasse de l'ambiance studio, filmé en décors naturels dans les rues de San Francisco, et aborde une nouvelle façon d'évoquer les rapports entre le monde mafieux, celui de la politique et celui de la police, annonçant ainsi les polars urbains réalistes des années 70 comme L'inspecteur Harry ou French Connection. Le film décrit aussi avec une certaine vérité la vie conjugale d'un flic lors de scènes avec la ravissante Jacqueline Bisset. La réalisation est sans esbroufe, Peter Yates joue le dialogue minimal, avec beaucoup de scènes muettes, analyse avec beaucoup d'acuité la relation entre monde politique et police (le premier faisant volontairement pression sur la seconde), et surtout offre des séquences d'action très efficaces. Ce nouveau style n'est pas totalement au point encore, il prend ses marques, d'où quelques petits flottements par endroits mais pas bien graves ; par ce style, le film s'inscrit dans le mouvement du Nouvel Hollywood.
Le film reste célèbre et à juste titre pour son éblouissante poursuite en voitures qui demeure même si on en a vu depuis beaucoup d'autres, un modèle du genre ; si elle a tant marqué c'est parce que c'était la première fois qu'une longue séquence consacrait ce type de scène qui sera par la suite très imitée, en plaçant le spectateur presque en immersion, et aussi parce que le décor des rues pentues de Frisco est unique et décuple son intensité. On assiste pendant près de 15 mn à un formidable morceau de bravoure, l'une de ces séquences anthologiques du cinéma, elle est parfaitement filmée grâce à des angles savants, sans trucages, dans les rues à 160 km/h, où Steve McQueen en sportif accompli, a tenu à piloter lui-même la Ford Mustang au moteur vrombissant amplifié par la bande-son, en flanquant une trouille bleue aux compagnies d'assurance. C'est pourquoi elle fut bouclée en fin de tournage par peur de l'accident.
On aurait tort cependant de réduire le film à cette brillante séquence un peu tapageuse par moments, mais d'une réelle perfection, car le scénario est plus subtil qu'il n'y parait, et le cinéma hollywoodien nous a habitué depuis à ce type d'histoire. L'interprétation est de premier ordre, que ce soit les seconds rôles parfaits, mais aussi Steve McQueen en flic faussement flegmatique, ou Robert Vaughn en politicien véreux, excellents tous deux (et qui se retrouvaient après les 7 mercenaires), leurs personnages contribuant à la crédibilité du film qui rompait avec la tradition romanesque du film noir d'autrefois, témoignant d'un style plus violent et plus nerveux. Cet aspect est également perceptible par le soutien de l'excellente musique signée Lalo Schifrin, un jazz un peu rugueux tout en crescendo annonçant lui aussi des temps nouveaux et qu'on retrouvera dans L'inspecteur Harry.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes le Top des voitures mythiques au cinéma, Moteurs !, les Meilleurs films policiers (partie 2), Les meilleurs films des années 1960 et Les meilleurs films de mafieux
Créée
le 7 sept. 2016
Critique lue 710 fois
21 j'aime
11 commentaires
D'autres avis sur Bullitt
Pour le novice désireux de se faire une idée de la quintessence des 70’s, le générique de Bullitt est l’exemple parfait : travelling latéraux sur le mobilier d’un autre temps, police de caractère,...
le 11 juin 2016
65 j'aime
8
De Steve McQueen je ne connaissais que son rôle de Josh Randall, l'un des personnages d'une des séries faisant partie du paysage audiovisuel de mon enfance. Non pas que j'ignore sa filmographie, mais...
le 14 juin 2012
37 j'aime
20
Alors qu'il doit protéger un témoin très important au vu d'un procès, le lieutenant Frank Bullitt doit faire face à un imprévu majeur et devra rechercher ceux qui veulent la mort de celui-ci.....
le 16 oct. 2016
30 j'aime
10
Du même critique
Les premiers westerns de Sergio Leone furent accueillis avec dédain par la critique, qualifiés de "spaghetti" par les Américains, et le pire c'est qu'ils se révélèrent des triomphes commerciaux...
Par
le 6 avr. 2018
123 j'aime
98
Grand fan de westerns, j'aime autant le western US et le western spaghetti de Sergio Leone surtout, et celui-ci me tient particulièrement à coeur. Dernier opus de la trilogie des "dollars", c'est...
Par
le 10 juin 2016
98 j'aime
59
On croyait le péplum enterré et désuet, voici l'éblouissante preuve du contraire avec un Ridley Scott inspiré qui renouvelle un genre ayant eu de beaux jours à Hollywood dans le passé. Il utilise les...
Par
le 5 déc. 2016
96 j'aime
45