Dans la vie, y'a deux types de gens : ceux qui savent compter... et les ados de Larry Clark
Comme bien d’autres cinéastes, Larry Clark est un de ces artistes qui traite souvent d’un seul et même thème avec des sujets plus ou moins différents. Les connexions entre ses films sont évidentes et il est intéressant de suivre l’évolution de son style assez atypique. En commençant par Kids, il avait déjà donné le ton et imposé son envie de montrer la jeunesse désorientée en manque de sensations fortes des quartiers américains sans la moindre complaisance. Dans Bully, le concept est le même mais on s’attache plus à la violence que peut engendrer ce genre de situations sociales. Abandonnés à eux-mêmes dans un monde trop grand pour eux, les adolescents de Larry Clark s’ennuient, traînent dans les rues, vagabondent en groupe, s’aiment, se déchirent, se droguent, se saoulent… La liste est longue et déraisonnable mais malheureusement aussi, elle est le fléau de cette jeunesse d’aujourd’hui. C’est d’autant plus vrai que l’histoire relate un fait divers aussi sinistre que choquant. Il n’en fallait pas plus pour que le réalisateur saute sur l’occasion. Larry Clark aime choquer, provoquer, ne pas laisser son spectateur dans l’indifférence. C’est un choix mais dans sa mise en scène, le réalisateur ne m’attire jamais. Je suis sidéré par la profonde débilité des personnages, par leur scénario de préméditation affligeant au point de rendre la scène centrale du film un peu ridicule. Mais le fait est que ça s’est vraiment passé et qu’il existe vraiment des gens capables de ce type d’acte isolé. Le manque de soutien parental et la confrontation à la crudité du monde environnant sont les seules choses qui ont façonné leur comportement, leur manière d’être. Quand on a rien pour devenir quelqu’un, on s’attache à ceux qui sont comme nous. La vie n’a plus la même valeur, la société et la morale s’évanouissent. Larry Clark nous inculque cette dure réalité à grands coups de violence et d’inconscience en mettant en scène, une fois encore, des jeunes acteurs parfois aussi perchés que ses personnages. Et il n’y a pas à dire, ils sont bons dans leur rôle et au final, le film n’est pas dénué de qualités mais ces « petits cons » ne m’attirent aucune sympathie. Bobby Kent n’était pas un mec gentil mais une chose est sûre, c’est que des gentils, on en trouve pas dans ce film. Je me rends compte en disant tout cela que Bully est objectivement un bon film choc, qui renvoie une image très pessimiste des jeunes mais il me manque juste un rapport avec lui, un lien qui ferait que je l’aimerai. Et ce n’est pas le cas, les personnages sont de telles têtes à claques qu’ils se suffisent à eux-mêmes pour me refroidir. Pour le coup, ils n’auront pas besoin de prévoir un couteau…