crise de conscience pour un politicien : oxymore ou début d'un bon scénar' ?
Bulworth est l'adaptation américaine d'un film français : les tribulations d'un chinois en Chine, lui-même adapté très librement du roman éponyme de Jules Verne.
Jay Billington Bulworth est un personnage fictif, un sénateur américain de Californie. Il incarne la caricature de l’homme politique, d’accord avec tout le monde et politiquement correct jusqu’au bout des ongles, un follower plutôt qu'un leader, une espèce de Jack Lang américain. Le film commence avec un truc qui n’arrivera sans doute jamais à Jack Lang : une crise de conscience ! Bulworth se regarde dans une glace et il se débecte : sans conviction, sans âme, vendu aux lobbys, il s’apprête à repartir en campagne, une fois de plus. Et il n'a qu'une envie, c'est d'en finir.
Notre sénateur démocrate, pourri mais bon père et mari honnête, décide d’en finir avec sa vie en engageant un tueur pour l’assassiner, trop lâche qu’il est pour faire le sale boulot lui-même, alors que dans le même temps il souscrit une forte assurance décès. Seul problème, entre temps Bulworth tombe amoureux de son antithèse : sa jeunesse, belle, intransigeante et black (Halle Berry !). En pleine campagne électorale, il commence donc à se lacher et brise un à un tous les codes du parfait petit politicien qu'il était.
C'est extrêmement sympathique, par certains moments carrément jouissif et très intéressant tant certains tabous sur la société américaine sont ainsi mis à jour. Le film a mis deux ans à traverser l'océan et n'a bénéficié d'aucune promotion digne de ce nom. Sans doute a-t-il été jugé un peu trop subversif par certains distributeurs... il faut avouer que certains passages sont particulièrement savoureux, notamment celui sur les médias !