A l'instar de Robert Redford, Warren Beatty n'a jamais choisi la voie facile pour ses réalisations. Ici, il joue un sénateur en campagne qui, excédé par sa vie monotone et sa grande rigueur, va se mettre à péter les plombs, à prononcer des discours comme ça lui chante, au grand dam de son équipe électorale. Sa soudaine envie de liberté va le mener à fréquenter le milieu du hip-hop, et devenir ainsi quelqu'un d'autre qui balance ses quatre vérités à son électorat.
A travers ce film, on sent que Warren Beatty a voulu régler ses comptes avec la classe politique, en disant tout haut ce qu'on pense tout bas. Et que rien ne vaut d'être bousculé dans ses principes pour en ressortir le meilleur, alors qu'il semblait las de la vie.
Ce changement de ton, voire de look (il ira à la télévision flanqué d'un short, lunettes de soleil et d'un bob, alors qu'il est sénateur !) va le rendre immensément populaire, et sa découverte du hip hop va le pousser à déclamer ses meetings avec du flow, comme une chanson !
Je partais d'un à-priori positif, car je suis globalement admiratif de la carrière de Warren Beatty (sauf Ishtar, bien entendu), et encore une fois, il arrive à surprendre avec ce personnage de sénateur, dont on voit au début du film qu'il est au bout du rouleau à visionner en boucler ses spots de campagne, alors qu'il se met à pleurer sur ce qu'il a peut-être raté dans sa vie.
Fort heureusement, Beatty s'est accoquiné d'un très bon casting avec Jack Warden, Oliver Platt (irrésistible en conseiller dépassé par les évènements), Sean Astin (un caméraman qui le suit de partout) et une superbe Halle Berry, dont ce sera le premier rôle majeur de sa carrière, qui va être le déclic du renouveau du personnage de Beatty.
On pourrait voir ce film comme une échappée dans la vie de ce sénateur, dont l'issue va être tragique à cause d'une décision prise avant le début du film, mais j'ai trouvé ça revigorant, où la bande originale (composée de Cypress Hill, Wu-Tang Clan, Flavor Flav entre autres) donne une sacrée pêche.