Le somptueux générique signé Saul Bass donne le ton : « Bunny Lake a disparu » sera une œuvre étrange et élégante, dont il sera bien difficile de décrocher jusqu'à la dernière seconde. Qu'il est triste d'ailleurs de voir que le cinéma actuel soit dans l'impossibilité de nous offrir des polars de cette trempe, magnifiquement réalisé, visuellement remarquable et psychologiquement très abouti. Reste effectivement ces zones d'ombres que le film garde jusqu'au bout et que l'on aurait aimé éclaircir, mais qui permettent en même temps à l'oeuvre de conserver un aspect mystérieux loin d'être désagréable, surtout s'il avait fallu se perdre en explications pendant de longues minutes. D'autant qu'Otto Preminger tient sa barque avec beaucoup de talent : qu'il est difficile en effet de deviner ou d'expliquer la disparition de Bunny Lake avant l'étonnante révélation finale. Le film a beau être très détaillé et l'enquête rigoureusement construite, le réalisateur développe cette dernière de façon à ce que rien ne puisse venir nous aider, de l'ambiguïté des deux personnages principaux à une galerie de seconds rôles étranges, pour ne pas dire légèrement inquiétants. Le tout pour se terminer dans une ambiance quasi-lyrique aussi séduisante qu'inquiétante, mélange renversant de retombée en enfance et de pur thriller... Bref, sans égaler la réussite éblouissante de « Laura », « Bunny Lake a disparu » n'en reste pas moins une œuvre fascinante : une fois encore, chapeau M. Preminger.

Caine78
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le 11 avr. 2018

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