Le documentaire d'animation est un genre rarissime, dont le plus connu est sans nul doute Valse avec Bachir. Mais le making-of d'animation pour reconstituer les conditions de tournage d'un documentaire, c'est du jamais vu. C'est ainsi qu'on voit la création du seul documentaire réalisé par Luis Bunuel, Terre sans pain, réalisé en 1933.
Celui-ci est issu de la difficile période où était sorti L'âge d'or, qui avait fait scandale à sa sortie, et qui avait contraint le réalisateur à revenir en Espagne, sans trop savoir quoi tourner. C'est alors qu'un de ses amis, lui donne une partie de l'argent qu'il a gagné à la loterie pour réaliser ce court-métrage documentaire, qui montre la réalité de la province d'Estrémadure. Une contrée extrêmement pauvre, où la mort d'une chèvre qui se jette d'une falaise est filmée, tout comme l'assaut mortel que subit un âne par une nuée d'abeilles.
Pour situer mon rapport à Luis Bunuel, je ne suis pas un grand admirateur de ses films, si j'excepte Belle de jour ou Journal d'une femme de chambre ; ça ne me touche pas vraiment. Ce qui explique la petite distance que j'ai eu avec ce dessin animé, au trait disgracieux, où tous les personnages ont l'air d'avoir des lèvres énormes. Mais je salue l'initiative de faire un making-of animé, ponctué par les cauchemars de Bunuel, une allusion au surréalisme, ou par les petits extraits du véritable documentaire Terre sans pain qui font froid dans le dos, vestige d'une Espage préhistorique.
De plus, c'est très court, 1h10, tout en expliquant que le documentaire ne sortira d'abord en France, que trois ans plus tard à cause de la censure espagnole, et on le voit très bien dans ce film, à la fois original et didactique.