Il y a ceux qui ont détesté Burn After Reading, et il y a ceux qui lui vouent un culte. Au milieu, il y a moi. Je n'ai pas d'avis tranché, je navigue un peu entre les deux bords, sans me reconnaître dans aucun des deux, tout en étant critique envers ces deux approches du film. Je vais essayer d'être le plus clair possible.

Burn After Reading est une comédie, mais une comédie des Frères Coen, donc pas une comédie conventionnelle, telle qu'on nous en sert chaque semaine en salles de cinéma françaises et chaque heure sur chaque chaîne de télévision. Il n'y a pas vraiment de gag, de grosses blague grasse qui fait rire bien franchement. Nous sommes à mille lieues d'Intouchables ou de Bienvenue chez les Ch'tis, comédies franchouillardes qui plaisent tant aux français. C'est un humour de caractères, de personnages, de situation, d'absurdité. Comme pour les films ou les sketchs des Monty Python, on rigole souvent après le film, en y repensant. C'est donc un film qui désarçonne au premier abord.

L'histoire met en scène des vies entre-mêlées, d'anciens espions et de leurs femmes acariâtres, de types paumés et ratés, tous plus ou moins très très cons, même si on ne s'en rend pas compte tout de suite (à part pour le personnage de Brad Pitt). Chacun trompe sa femme ou son mari avec un autre personnage. Ce qui donne un balais assez incroyable entre George Clooney, Frances McDormand, Brad Pitt, John Malkovitch, Tilda Swinton et Richard Jenkins. Car c'est là l'intérêt principal du film, de voir ces grands acteurs jouer à contre-rôle, des personnages qui ne correspondent pas du tout à l'idée qu'on se fait habituellement de cet acteur.

Celui qui se débrouille le mieux est sans conteste Brad Pitt, dans un rôle exubérant qu'il interprète à merveille, avec des mimiques improbables et un déhanché tordant. Son duo avec Frances McDormand est fabuleux : elle est aussi à son plus haut niveau, à la fois paumée et à l'attaque, changeant à chaque seconde d'émotion, désarçonnant sans arrêt le spectateur. George Clooney est très inégal, comme d'habitude, il m'ennuyait un peu au début mais à la fin il se révèle très bon. A coté, Richard Jenkins et Tilda Swinton jouent tranquillement leur petit rôle. Je n'arrive pas à décider en ce qui concerne John Malkovitch, mais en tout cas son pétage de plomb final est splendide.

Donc, finalement, quelques scènes d'anthologie : la mort de Brad Pitt, la construction de la chaise par George Clooney, le pétage de plomb de John Malkovitch. Sinon, je trouve que la scène finale, dans le bureau de la CIA, fait tomber le film un peu à plat, avec la fausse morale habituelle des Frères Coen, fausse morale qui était drôle dans The Big Lebowski, mais qui ne m'a pas fait rire ici. En fait, ça a été ça mon problème avec Burn After Reading : je venais de voir The Big Lebowski, l'excellentissime comédie des mêmes Frères Coen, et que je trouve mille fois plus drôle.

L'humour absurde me plaît énormément d'habitude, mais là, à part dans les scènes que j'ai citées, cela retombe un peu à plat. Les passages à la CIA ne sont ni très intéressants ni très drôles, et les dialogues n'ont pas la puissance de ceux de The Big Lebowski. Donc, je conclurai en vous incitant à voir Burn After Reading après The Big Lebowski, contrairement à ce que j'ai fait. Vous en tirerez sans doute plus de plaisir que moi.

Créée

le 28 déc. 2013

Critique lue 513 fois

Critique lue 513 fois

D'autres avis sur Burn After Reading

Burn After Reading
-Marc-
7

Narcisse roi

Les frères Coen reviennent sur le crétinisme de la société américaine, un thème récurrent chez eux. Ils nous dépeignent une société déliquescente dans laquelle chaque individu est centré sur...

le 6 déc. 2017

50 j'aime

16

Burn After Reading
SanFelice
8

Quatre de l'espionnage (ou pas)

Ce film est du concentré de frères Coen. Essentiellement par ses personnages de ploucs (ce que les frangins savent le mieux faire). Et là, on est servis : on n'a, je crois, jamais vu autant de...

le 22 juin 2012

36 j'aime

11

Burn After Reading
hillson
2

Contre emploi du terme comédie

Burn after reading est une merde. C'est dit. Il n'est pas drôle, et tout l'argumentaire du film tient dans le contre emploi des acteurs. En effet, Brad qui joue un débile, c'est pas banal. Mais de...

le 6 avr. 2010

35 j'aime

3

Du même critique

En finir avec Eddy Bellegueule
Clment_Nosferalis
2

Beaucoup de haine et peu d'intérêt

Note de 2024 : Cette critique fut écrite il y a une douzaine d'années. La magie (?) des algorithmes fait que, comme elle était abusivement négative, elle a reçu beaucoup de mentions "j'aime" et s'est...

le 21 oct. 2014

33 j'aime

10

Nadja
Clment_Nosferalis
10

Un chef-d'oeuvre

"Nadja" est un des meilleurs livres du XXème siècle, et l’un de mes préférés dans toute l’histoire de la littérature. Le surréalisme atteint ici son point culminant, sa véritable cristallisation, et...

le 15 sept. 2014

33 j'aime

4