Le malaise, voilà ce que j'ai ressenti tout au long du film, me mettant subitement dans la peau de l'héroïne du film, Megan, qui, au début de l'histoire, ne comprend pas ce qui lui arrive lorsque sa famille entreprend une intervention et l'envoie (de force) dans un camp de reconversion pour "homosexuels".
J'ai choisi ce film sans savoir à quoi m'attendre. Je m'attendais à un teen-movie de fin 90 début 2000, qui ne volerait pas spécialement haut, mais serait distrayant, voir au mieux surprenant dans son approche des adolescents américains en milieu scolaire. J'ai eu un teen-movie, une comédie dépeignant un milieu, non pas scolaire (ou très peu), dont ma seule connaissance était celle obtenue par l'épisode de South Park "La Photo", celui des camps de reconversion.
L'approche se veut de la comédie, d'une petite histoire qui se voudrait sans prétention, sur une jeune fille ordinaire, voir populaire dans son lycée, envoyée à sa grande surprise dans ce camp, où elle devra apprendre à admettre son homosexualité et la guérir. Malaise. Ses compagnons de camp, joués par quelques têtes connues, se démarquent de Morgan notre héroïne, par l'exagération outrancière et caricaturale des personnes gays ou transgenres, renforçant combien Morgan se démarque, et ne se reconnait guère en premier lieu dans cette nouvelle communauté qui s'offre à elle. Mais l'exagération ne s'arrête pas là, tout dans le film y va à l'outrance, que ce soit dans le ton, ou l'esthétique du film, misant sur les couleurs ultra-chatoyantes du camp, le jeu et l'attitude des personnages, jusqu'aux méthodes absurdes pour amener les patients à "renouer avec leur genre et démystifier l'autre sexe".
L'exagération, l'humour, ou plutôt la satire. Car ce film est avant tout d'une violence rare, et très vite, l'on se rend compte que toute cette couche colorée disposée sur la surface de ce film, ne comporte qu'un flot d'atteintes, outrageusement choquantes, à l'individualité de ces patients. Harcèlement, pression, dénonciation, sévices auto-infligés, conditionnement, allant jusqu'à l'instrumentalisation du corps et du sexe non consenti. Sans oublier le rejet familial ou de la société, que le film n'oublie pas d'aborder via un groupe de soutien pour, bien entendu, les éléments de cette école n'ayant pu obtenir leur diplôme, objectif absolu signifiant une parfaite reconversion. La satire, car oui, comment imaginer que cela pourrait être réel. Le dépeindre ainsi, c'est révéler toute l'absurde de ces pratiques, si violentes, que les recevoir bruts à l'écran serait insoutenable pour un spectateur n'attendant qu'une chose, un petit film américain bien gentillet.
La satire pour faire passer un message, pour dénoncer des pratiques, mais également malin, afin d'être vu, et entendu, par une majorité. Certains n'y verront qu'une petite comédie, d'autres, soulèveront la petite couche colorée pour révéler toute la noirceur que ce film soulève, et tâche de révéler.