Western crépusculaire

L'histoire de Butch Cassidy et le Kid est celle de la fin de l'Ouest sauvage : l'époque des célèbres bandits est presque révolue, ils en sont les derniers reliquats. Il en va de même avec le film dans l'histoire du cinéma : les grands westerns, les américains des années 1950 puis les italiens des années 1960 sont déjà derrière, et celui-là n'y changera rien, malgré les deux mastodontes Paul Newman et Robert Redford qui ne jouent pas ici leur meilleur performance, comme si le talent de l'un s'annulait au contact de l'autre. C'est leur première collaboration, et on peut voir ça comme un coup d'essai pour la glorieuse seconde : L'Arnaque, aussi réalisé par George Roy Hill, d'une qualité autrement meilleure.

Le film est découpé en trois phases : après une introduction pour planter le décor et les personnages, une chasse-poursuite dure extrêmement (trop) longtemps, puis ils se retrouvent en Bolivie. Au-delà des aspects historiques et esthétiques du film, on s'ennuie royalement devant cette bromance un peu plate au rythme bien trop lent. La Horde sauvage de Sam Peckinpah sort la même année, et les dernières scènes des deux films se ressemblent bizarrement. Mais alors que celle de la Horde sauvage est mémorable en action et en émotion, celle de Butch Cassidy et du Kid est galvaudée, aseptisée, romancée au possible, pour une fin aussi attendue que pathétique. Un western donc intéressant, aux paysages d'ailleurs somptueux, mais qui reste mineur dans l'histoire du genre et dans la filmographie des deux acteurs de légende.