Le cinéma est un plat qui se mange chaud

Je suis allé voir ce film presque par hasard. Il faisait 40 degrés à Paris, j'ai pensé à aller au cinéma pour me rafraîchir les idées, j'ai choisi le film diffusé le plus long : Le Comte de Monte-Cristo, 3 heures, malgré mon scepticisme avéré pour les films français du genre. Bien m'en a pris !

Déjà la première scène nous met directement dans le bain (littéralement) : une tempête en mer, un bateau en feu dans la nuit. Le film est déjà beau et prenant. Ce sera ça tout au long du film : un enchaînement de scènes rythmées sans place pour l'ennui (sauf lors de l'emprisonnement mais c'est l'effet recherché), des décors majestueux, des costumes parfaits, un ensemble de couleurs pastels qui se mêle bien aux jeux de l'aristocratie du XIXe siècle. L'histoire originale, encensée depuis 150 ans, se prête certes bien à ce rythme endiablé. Mais le film évite aussi les pièges du scénario. Sur le papier, certaines scènes sont un peu gnangnans, comme les dialogues en forme de faux quiproquo entre Mercedes et Edmond devenu Monte-Cristo. Il s'agit pourtant des moments les plus réussis, joués par deux excellents acteurs (Pierre Niney et surtout Anaïs Demoustier, qui sont clairement au-dessus du lot).

Le film met parfaitement en scène les enjeux du livre, la noirceur de certaines âmes, la vengeance, sa stratégie machiavélique construite pas à pas mais aussi son cercle vicieux, la descente dans la haine à peine sauvé par un amour revenu des tréfonds du passé. Il a aussi les défauts de l'histoire originale, entre un manichéisme simpliste (les méchants sont vraiment très méchants), et une fin de type doux-amer qui ne satisfait pas grand monde, tout en étant pas si ambitieux que ça dans sa mise en scène. Ces défauts ne gâchent en rien le spectacle, car le film est abouti dans sa construction, dans son esthétique et dans le jeu de ses acteurs. Sans aucun doute l'un des meilleurs films français de 2024 !