Un vrai film de vampire et ça fait du bien!
Un film avec de vrais vampires, un film qui nous rappelle un peu Les Prédateurs, un esprit un peu paumé, un peu rebelle, où les vampires ne sont ni plus ni moins que des marginaux essayant de survivre dans une société où ils ne peuvent s'intégrer, ici il y a la société humaine qui menace de les rejeter à chaque instant, folles étant le qualificatif qu'on leur attribue dès qu'une bride de vérité échappe de leurs lèvres, mais aussi la société vampirique, masculine, féodale, interdisant la création aux femmes, au cas où le message vous échapperait. Il y a quelque chose de fabuleux dans le fait d'être vampire pour l'une, quelque chose de libérateur, de féroce, d'animal, et de sauvage, pour l'autre c'est une fatalité, une malédiction, et de fait, Neil Jordan grand habitué du genre, il nous avait déjà fait le coup avec Entretien avec un vampire, montre cette fois-ci deux visions s'opposant, celle du vampire synonyme de liberté et cependant condamné à vivre en marge de la société, banni, exclu, poursuivit et pourchassé, ce qui en somme a été le destin de nombreux libre penseur dans l'histoire, et finalement est le symbole même du vampirisme. Et puis il y a la vision purement romantique du vampire, de la Morte amoureuse en passant par Carmilla dont la référence est pleinement faite, à Entretien avec un vampire justement, même Morse s'inscrit dans cette lignée du vampire nostalgique, de l'idée de condamnation, de punition, le postulat que l'immortalité est insupportable, et plus encore la solitude qu'elle impose. Qualifié de mal du siècle dans Entretien avec un vampire, c'est la dépression qu'elle engendre qu'on lui reproche. Mais Byzantium ne s'achève pas sur cette note d'amertume, il condamne la société machiste et moralisatrice, et célèbre la liberté.
Un vrai film de vampire qui se paie de surcroit le luxe d'être féministe, une vraie perle, malheureusement un cinéma rare de nos jours.