Bien avant les produits horrifiques cheap et sans talent qu'on nous propose aujourd'hui jusqu'à l'écœurement, il y avait de très bons found footages : Cannibal Holocaust, qui effraya le monde dans les années 80 et força le réalisateur à prouver que les acteurs étaient encore en vie, et C'est arrivé près de chez vous, OFNI culte qui propulsa Benoît Poelvoorde. Venu des contrées détendues de la Belgique, le long-métrage expérimental de Rémy Belvaux, lancé au départ comme un film d'étudiant, nous fait rencontrer Benoît, un serial killer sympathique et philosophe, qui est accompagné d'une équipe de tournage tournant un documentaire sur sa personne, sur son métier, son quotidien. Un sujet dingue et on ne peut plus original qui à lui seul mérite le détour...
Tourné salement en noir et blanc et composé de séquences toutes plus déjantées les unes que les autres, C'est arrivé près de chez vous nous entraîne dans le quotidien d'un tueur parfois méthodique, parfois bourrin, un type qui peut passer du rire aux larmes en un clin d'œil, qui n'hésite pas à dégommer une famille entière avant d'aller prendre l'apéro. Un gars simple qui explique comment il procède pour éliminer des gens lambda. Un malade quoi. Mais un malade attachant, très à l'aise devant la caméra, qui fait copain comme cochon avec une équipe de tournage peu à peu déstabilisée par cet être étrange. Et plus le massacre continue, plus certains se sentent mal à l'aise, à l'exception du metteur en scène, progressivement subjugué par l'odieux personnage.
Le spectateur est à son tour à la fois hypnotisé par Benoît (Pooelvoorde, au top de son talent) puis peu à peu dégouté par ses agissements terribles mais apparemment naturels et souvent hilarants, en témoigne le meurtre "sans arme" d'une mamie solitaire, celui d'un veilleur de nuit noir ou encore le viol atroce d'une bonne femme devant les yeux d'un mari horrifié de voir à quel point cela peut sembler normal pour le serial killer. Bourré d'un humour noir cinglant et subtil, C'est arrivé près de chez vous est une œuvre à part, un film quasi-unique qui respecte au maximum son sujet et surtout son concept (le faux-documentaire) pour ne jamais s'en éloigner et proposer avec cela une balade touristique des plus enivrantes.