Pfiou, la dernière fois que j’avais maté ce pavé dans la Mer du Nord balancé par Benoît Poelevoorde, Rémy Belvaux et André Bonzel c'était il y a presque 20 ans déjà ! Quel vieux gars et quelle claque !
D’ailleurs, je ne me rappelais pas à quel point cette parodie de l'émission Strip-tease était gore et jusqu’au-boutiste ! Ni même les enjeux sociologiques qu’elle drainait.
Et dire que ce bijou très sale fut réalisé par des étudiants en école de cinéma sans le moindre franc belge – d’où le noir et blanc masquant très probablement une certaine misère sur ce point… Comme quoi, les intentions peuvent tout !
On rentre tout de suite dans le vif du sujet d'ailleurs, pas le temps de tergiverser, C'est arrivé près de chez vous tu le supportes ou tu le quittes, d'entrée !
Non mais quelle idée de génie que de nous faire vivre les tribulations d’un serial killer à la manière de.
Le décalage est évidemment ce qui fait la force du film ; il autorise un humour noir des plus féroces dont nous serons les premiers complices.
Il faut dire que le psychopathe incarné par Poelvoorde est un homme loquace et cultivé, en quête d’identité et d’intérêts, d’où la proximité qu'il finit par avoir les journalistes, malgré son tempérament un poil soupe au lait.
C’est aussi très amusant de voir ses rapports sociaux : très bien intégré, on voit bien que ses parents ne se doutent de rien, et que ses "amis", comme achetés au prix de leur vie évitent le plus souvent de froisser monsieur, sauf peut-être lorsque celui-ci est complètement saoul. Il n'a pas l'alcool mauvais Ben.
Les répliques cultes sont légion (le veilleur de nuit noir, le gamin, le petit Grégory, etc…), mais la scène qui propulse cette oeuvre dans une autre dimension est bien
celle du viol : on en rigolerait presque jusqu’au petit matin… Sauf que voilà, aux premières lueurs du jour on reste plantés comme des cons face à notre détachement de connards déshumanisés.
Cette scène est un sacré révélateur de nos rapports à la violence... Parce qu’il était bien marrant au début ce psychopathe, même pendant le viol… C'est dire !
Bon, par contre, le dénouement est un peu expéditif et facile, comme le coup de la gaine - de quoi m'empêcher de mettre la note maximale...
Mais malgré cette fin pas formidable, le générique silencieux concluant ce film d'auteur inégalable m'a laissé pour scotché, comme hébété, allez savoir pourquoi...