Le film de Nicolas Vanier évolue perpétuellement entre la pathétique nullité, l’ambition cinématographique mal maîtrisée et le message écolo convenu. Quelle tristesse de voir d’aussi bons acteurs se fourvoyer dans une telle vacuité.
Dans un contexte de crise où tout s'arrête, Stanislas, un homme d'affaires parisien, perd sa fortune et se réfugie avec sa famille dans une exploitation agricole qu'il avait acquise. À leur arrivée, ils se heurtent à Patrick et sa famille, agriculteurs résidents qui refusent de quitter les lieux. Dans ce monde chaotique, ces deux familles opposées devront-elles apprendre à cohabiter pour survivre et reconstruire un nouveau monde ?
Qu’est-ce qui m’a poussé à aller voir ce mauvais film ? J’étais presque sûr de ne pas l’aimer. Au mieux, l’aurais-je trouvé sympathiquement plat. En réalité, je l’ai trouvé franchement médiocre par son absence d’intelligence (le titre, franchement stupide, en témoigne !), par la pauvre qualité d’écriture des personnages, des situations et du scénario. En fait, j’y suis allé pour quelques acteurs : François Berléand, la géniale Valérie Bonneton, l’excellent Éric Elmosnino et Barbara Schulz que j’adore chez Pascal Thomas. Hélas, j’ai trouvé affligeant qu’ils aient participé à ce pauvre petit film.
Le début est exécrablement mauvais. On suit, dans les premières scènes, Michaël Youn (mauvais comme un cochon) dans sa vie de trader. Tout y est si caricatural, mal écrit et surjoué qu’on est affligé par ce qu’on voit à l’écran. On finirait presque par avoir une infinie tendresse pour les traders. On s’étonne d’ailleurs que le syndicat des traders n’engage pas des poursuites pour diffamation contre le réalisateur pour l’image franchement grotesque et outrée qu’il donne du métier.
Après avoir consterné son spectateur par tant de platitudes, Nicolas Vanier opère un virage totalement inattendu. Le film, qu’on prenait jusque-là pour une comédie franchouillarde à la con, vire au film catastrophe. Ce retournement narratif très brusque m’a laissé bouche bée dans la salle de cinéma. Je me suis alors dit que les premières scènes n’étaient qu’un faux pas et que le film allait enfin décoller. Bien que ces scènes presque de fin du monde soient ce qu’il y a de mieux dans le film, Nicolas Vanier n’a pas les moyens, ni même le talent de ses ambitions. Il se contente de déployer des moyens financiers qu’on imagine considérables (bouchons recréés sur le périphérique, fermetures d’autoroutes). De plus, ces scènes sont filmées de façon très lumineuse, si bien qu’on ne ressent jamais d’inquiétude ou d’angoisse devant ces images qui se voudraient presque apocalyptiques.
Une fois les personnages arrivés dans la ferme qu’on ne quittera qu’à de très rares occasions, on n’y adhère plus du tout. La campagne et la nature y sont idylliques. On ne peut plus croire un seul instant à cette fin du monde puisque tout y est si beau, presque paradisiaque. À ce moment -là, le film verse dans le convenu, tant dans son message écologique que dans ses considérations sociales et dans son éloge de la communauté. Le tout baigne dans la psychologie et les contrastes banals (la ville contre la campagne, les maris têtus contre les femmes battantes, les jeunes avec les vieux).
Le pire dans tout ça est que le réalisateur Nicolas Vanier est d’une sincérité irréprochable. On pourra en revanche lui reprocher d’être d’une naïveté confondante et de façonner totalement son film au message qu’il veut nous prodiguer. Comme son film veut faire l’éloge de la communauté, notre trader et notre agriculteur qui ne pouvaient pas se blairer vont finir par s’entendre et vivre en harmonie. Le fils des citadins aura une fille avec la fille des campagnards, car il faut un peu penser à l’avenir. Tout ça est très émouvant. En attendant, le spectateur qui n’aurait pas sa carte UGC illimitée a perdu 13 €. Et qu’il ait ou non cette carte, il a perdu deux heures de sa vie au cinéma, alors que tout à l’extérieur aurait été plus intéressant.