Le nouveau film de Clovis Cornillac est assez raté, plombé par sa mièvrerie et sa candeur. Heureusement, le film s’améliore légèrement mais pas suffisamment dans sa deuxième partie. Il gagne en âpreté. Malheureusement, le film est oubliable malgré ses bonnes intentions.
Pierre Feuillebois a quarante ans. Ce passionné d'abeilles et hibiscus a toujours vécu dans sa bulle, couvé par ses parents. Après le décès de ces derniers, il se rend compte que ce n'étaient pas ses parents biologiques et qu'il n'existe pas au regard de la loi. En quête de réponse sur ses origines, il rencontre Anna Lorenzi. Celle-ci est séduite et touchée par cet homme atypique. C'est alors que Pierre commence à perdre ses couleurs et devient successivement jaunâtre, noir et blanc, et invisible.
Vous venez de lire le synopsis. Il pue la guimauve. On est dans du sous-‘Amélie Poulain’ (film que j’apprécie au demeurant). On y retrouve, mais en beaucoup moins bien et sans le style de Jeunet, le goût pour les marginaux dans leur bulle, le pittoresque de quartier, la fantaisie. Mais ici, tout est faux et sans charme. Ainsi, le travesti et la prostituée sont des personnages sans épaisseur dont l’unique intérêt est purement comique. On retrouve des vieux cafés, des rues pavées mais tout ça sent le carton-pâte. Enfin, le personnage que s’est dessiné Cornillac est vraiment mal-écrit. Il est d’une niaiserie consternante. Il ne s’agit d’écrire d’un personnage d’adulte se comportant comme un enfant pour écrire un personnage poétique, lunaire. Ainsi les scènes navrantes se succèdent sans entracte. Il se prend une porte vitrée, il se prend les cheveux dans le sac d’une dame.
Heureusement, la sauce prend légèrement. Après que la rencontre entre lui et elle est actée et que la quête d’identité commence, le film gagne en profondeur. On bouge un peu, on croise des gens, peut-être sa demi-sœur. On croise surtout dans un asile une vieille dame un peu folle et légèrement étrange. Il y a un petit suspens sur l’identité des parents. Hélas, la mièvrerie n’est jamais loin et réapparaît quand on découvre le passé d’alcoolique d’Alice qui en conséquence, a perdu la garde sa fille.
Question casting et malgré son personnage mal-écrit, Clovis Cornillac s’en sort avec les honneurs avec une interprétation tout en sobriété. Sa propre mère Myriam Boyer interprète remarquablement la vieille dame qui a peut-être la clé de la vérité. J’ai toujours beaucoup apprécié cette comédienne très sensible, qui rappelle Simone Signoret dans la deuxième partie de sa carrière. Elle en a la gouaille, la carrure. Malheureusement, face à eux, il y a l’exécrable Alice Pol surjouant dans les scènes comiques et inexistante dans les scènes dramatiques. Elle devrait vraiment changer de métier.
Malgré la modestie évidente du projet, ce film n’est malheureusement pas conseillable en raison de sa mauvaise facture. Mieux vaut revoir les films de Jeunet.