Qualifier ce film est une tâche ardue : au croisement des chemins entre la science-fiction, la comédie, le drame, la romance et le thriller, il ne ressemble pas à grand-chose de classable. Du point de vue de la science-fiction, les quelques effets spéciaux datent bien de 1979, c’est-à-dire qu’ils sont affreux... Mais la comédie, quoique classique, est savoureuse, grâce au décalage constant de Wells avec les mœurs du monde de 1979 dans lequel il tombe sans s'y être préparé, moeurs qui lui échappent un peu… La comédie retombe toutefois un peu trop dans la deuxième partie du film, laissant la place au drame et à une romance peu originale et trop longue. Heureusement, le thriller qui forme la dernière partie du film est assez efficace.
Les sentiments du spectateur iront donc au gré des genres abordés, errant d’un extrême à l’autre, sans trop passer par l’ennui, il faut le reconnaître. D’autant que la confrontation entre les deux époques donne lieu à une réflexion parfois bavarde («Tous les siècles se ressemblent. Il n’y a que l’amour qui puisse les rendre supportables.» Pourquoi pas ? Mais c’est tout de même un peu court…), mais qui peut toucher juste, notamment dans le portrait assez nuancé de l'homme et de la femme moderne (des années 1970 !), qui soulèvent des débats non dénués d'intérêt. Par exemple, le film questionne de manière discrète mais intéressante la prudence du féminisme militant (tel qu'il se manifestait à l'époque), lorsque Wells demande à son amie en danger d'abandonner un moment son activité pour aller se cacher en sécurité : « Ton métier est si important quand il s’agit de préserver ta vie ? », elle répond : « Mon métier, c’est ma vie… comme celui de n’importe quel homme ! »... Quant aux grands rêves de conquête du temps par l’homme, Wells (en tous cas, celui du film !) leur tord le cou une bonne fois pour toutes en expliquant que « si nous voulons maîtriser le temps, il faut savoir maîtriser la nature de l’homme. » Ce n'est pas gagné ! D’ailleurs, de manière générale, le film ne donne pas de l’homme contemporain une image vraiment à son honneur. Le terrible Jack l’Eventreur le dit lui-même : « Il y a 90 ans, j’étais un monstre ; aujourd’hui, je suis un amateur ! ». Visiblement, on n’a pas beaucoup avancé depuis 1979…