Bon alors "Ca", c'est comment ?
Mérite-t-il son record historique d'entrées pour le 1er weekend ?
C'est en tout cas un film d'horreur ultra classique, avec des ressorts déjà vu... mais c'est bien le paradoxe de ce remake, qui s'attaque à un monument de la culture populaire.
Le clown ne PEUT plus faire peur, son effet est émoussé, on est ravi de le voir, on sait qu'il est méchant, la surprise dans ce film ne peut marcher que par petites touches, par des effets trop faciles (bouh, il est derrière la porte) et par quelques scènes bien réalisées...
on va donc voir ce film, avec gourmandise, comme on prendrait le train fantome dans une kermesse. "CA", c'est un musée des peurs d'un temps passé.
Les allusions incessantes à la culture des années 80 ( un des gosses a un t-shirt de Supercopter !! - je le veux ) indiquent bien le but de Ca version 2017 : non pas nous faire peur, mais nous emmener dans un voyage nostalgique au coeur de notre enfance.
Le public l'a reçu ainsi : dans la salle, on a entendu plus de rires (aux petites blagues des gosses) que de cris d'horreur (aux apparitions du clown somme toute plus grotesque qu'effrayant).
Intéressant de noter aussi comment une boucle se referme : "Stranger Things", le chef-d'oeuvre de Netflix, est un hommage à S. King - et specialement ses histoires d'enfants, comme Stand by me et It, et "Ca" 2017 pousse le mimétisme avec "Stranger Things" jusqu'à engager un de ses comédiens enfants, tout en évoquant les films cultes adaptés de King (la scène de la salle de bain couverte de sang rappelle Carrie, un t-shirt avec une voiture menaçante évoque Christine et les baignades dans les carrières, Stand by me).
Ou comment boucler la boucle d'un revival horrifique 80's.
Autre réflexion : "It" fait référence aux peurs enfantines. Le film ne pouvait tout simplement pas se dérouler en 2017 car les enfants des années 80 sont peut-être les derniers à encore avoir ressenti des vraies peurs, au premier degré.
Les kids d'aujourd'hui, plongés dans le monde virtuel dès leur plus jeune âge, sont désormais incapables d'imagination horrifique. Ils doutent de tout. Alors des clowns tueurs planqués dans une bouche d'égout...