On va pas faire le tour du pot 10 minutes avant de débiter tout le mal que je pense de ce produit audiovisuel : c'est de la daube en boîte. Littéralement.
De la pure bouse, proprement conceptualisée, fabriquée et diffusée dans un joli packaging promotionnel à l'américaine par l'industrie hollywoodienne.


Vous allez me dire que j'ai (peut-être) un certain niveau d'exigence en terme de films qui m'a empêcher une immersion spectatorielle digne de ce nom. Mais là, mieux vaut le dire très clairement : je n'ai jamais eu autant l'impression d'être pris pour un con devant un film.


Je saute le passage où je résume l'histoire car elle n'a déjà de base pas grand intérêt, si ce n'est que d'être un bête récit horrifique autour d'une entité maléfique poursuivant des enfants jusqu'à ce qu'un groupe d'entre eux se décide à lever la tête pour la combattre.
Rien qu'avec ça, on a une bonne petite liste de clichés vus et revus depuis les années 80 : la bande d'amis inséparable qui va se souder, puis se séparer, puis se re-souder encore plus au final, la thématique du passage à l'âge adulte, le face à face avec des peurs enfantines, l'union des faibles dans l'adversité contre ceux qui les oppressent...


Mais faisons encore plus fort et rajoutons du cliché au cliché ! Description de la team "Looser" : un juif qui manque de se faire tuer (comme disait mon grand-père, "il ne faut jamais vendre la peau du juif avant de l'avoir tuer"), un hypocondriaque (genre Woody Allen de 12 ans en manque de Xanax), un gros (besoin d'un dessin ?), un nerd plus-bavard-tu-meurs ("Tiens mais il a pas joué dans Stranger Things ?"" Si mais bon là il a des lunettes, c'est pas pareil..."), un bègue qui bégaye quand il faut (et inversement), une fille (parce que le héros va pas galocher un de ses potes à la fin) et un noir pour respecter les quotas ("Nous ne sommes par raciste. D'ailleurs, nous avons un personnage noir dans notre film.").
Plutôt bien résumé. Je passe sur les personnages secondaires tous inutiles (le père distant et absent, le papa-à-sa-fifille, la mère surprotectrice, le mec traumatisé qui s'en prend aux autres...). Même le fameux Pennywise, sous son maquillage numérique et ses effets spéciaux à gogo, n'inspire aucune crainte ou frisson, plus souvent ridicule qu'inquiétant.


Continuons. Pour justifier, ou plutôt tenter de justifier l'histoire, les scénaristes ont fait ce que j'appelle le "principe de la cuillère retirée" : on te donne une information (la cuillère avance), elle semble très importante (la cuillère se rapproche) et peut même fournir des explications à ce qui arrive aux personnages (on commence à ouvrir la bouche), mais on change direct de scène et l'information n'est aucunement exploitée ou réutilisée (et hop, la cuillère disparaît !). On observe les personnages concentrés sur l'information, les yeux plissés, le front soucieux, le regard profond en direction du sol, et puis pof !, on passe à la suite.
Très souvent dans le film on a des "moments doublement intenses". Mais si vous savez, c'est ce moment où un personnage raconte quelque chose de très grave, un événement très sombre et très intime, et pendant qu'il parle, le son de cet événement s'installe en fond sonore pour bien appuyer le souvenir traumatisant (un peu comme ça :"j'entendais les cris pendant qu'ils brûlaient..." [son de cris]). Autant une fois ça peut passer, mais trois fois ça devient un peu lourd...


Rien dans ce film n'a de logique, d'intérêt ou même d'ambition. Beaucoup l'on dit, ça ressemble à Stranger Things condensé en 2h, la qualité des images en moins. Les cadrages sont plats, la mise en scène est insipide, sans âme et ne provoque aucune surprise (à peine ils ont passé une porte, on sait qu'elle va se refermer sur eux).
Absolument tout est attendu, et la bande son, qui aurait pu avoir le mérite de créer une ambiance distincte ou apporter de la distance par rapport aux scènes, en devient insupportable au possible à force de nous rappeler à quel moment le spectateur DOIT rire, pleurer ou avoir peur (s'il est assez débile pour ne pas s'en rendre compte bien sûr...).


Sérieusement, je n'ai jamais vu de conclusion aussi pourrie dans un film, tout genre et toute nationalité confondus ! Ils commencent par se refiler le sida avec un bout de verre pour une "ronde de l'amitié que rien ne sépare", puis ils disparaissent les uns après les autres avec de lamentables fondus enchaînés (procédé de montage plus communément utilisé pour les instants diapo-photos pendant les mariages) pour laisser le bègue seul avec la fille... et laisser l'évident se produire.
C'est bien moche d'ailleurs, alors que tout le long on nous fait douter sur l'existence d'un trio amoureux entre le bègue, le gros et la fille, et ça se termine avec le dénouement le moins surprenant et le plus attendu au possible !


Même le climax on dirait que les gamins se prennent pour les Avengers et défoncent la gueule de Pennywise comme si c'était une simple piñata !


C'est le soucis actuel des films américains, c'est qu'il ne s'agit plus de film mais de produit. Les producteurs (qui sont équivalent à des comptables) ne regardent que les chiffres, et s'attendent à ce que l'argent dépensé revienne avec les recettes, le profit en plus.
Donc on fait des films "bien dépensés", avec une jolie image, une musique trop hype, un casting de ouf, des effets spéciaux trop stylés. Mais comme il ne faut pas perdre trop de temps à le faire, plutôt que de créer quelque chose d'original, on va récupérer une histoire déjà prête, un truc qui plait déjà, qui a déjà des fans (et donc un public acquis dont on est sûr qu'il paiera sa place au cinéma) en lui promettant qu'"on fera mieux que l'ancienne version". Version que les nouvelles générations ne connaissent pas, devenant ainsi les cibles d'un marketing viral façon 2.0 (le spectateur de cinéma se trouve sur internet maintenant).
En définitive, les studios appliquent désormais à leurs remakes un verni sur-brillant pour cacher la pauvreté de leur originalité et la fragilité de leur système. Au détriment du public qui mérite mieux que Ça.

Thomas_le_Govic
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le 2 nov. 2017

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Thomas Le Govic

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