Etant gamine, j’avoue avoir été traumatisée par l’adaptation télé de It. Honnêtement, je ne me rappelais plus de l’histoire, ni même de la moindre petite scène. Tout juste un vague souvenir de gamins et d’un clown horrible, mais surtout, cette angoisse qui n’a jamais voulut s’en aller. A tel point qu’en grandissant, durant des années, j’étais partagée entre l’envie de revoir cette oeuvre afin de tirer au clair cette histoire de trouille et de clown (et d’en finir une bonne fois pour toute !), et le refus catégorique des zones moins conscientes de ma cervelle (qui me hurlaient de ne pas jouer avec le feu et qu’un petit trou dans ma culture cinématographique ne me tuerait pas contrairement à un clown monstrueux assoiffé de sang).
Jusqu’alors, la peur l’avait emporté.
Et puis voilà que la Warner nous offre une nouvelle adaptation. Un grand écran, une salle obscure pour profiter à fond du spectacle, un bon son pour se laisser porter par la musique surement à la hauteur… Oui mais non. Pas que j’ai eu peur hein ! Non, un film porteur de tant d’émotions, ça se regarde en VO ma brave dame ! C’était pas de la peur… Non non… Pas de la peur…
Enfin bref, le moment est arrivé.
Armée de ma couette protectrice, de ma cigarette électronique et même (on est jamais trop prudent) d’un paquet de marshmallow anti stress, me voilà devant ma télé, dans le noir, le volume poussé à fond.
Clairement, j’admet avoir vu des films plus horribles, plus effrayants.
Des films qui, sans rien montrer, vous plongent dans une angoisse telle que lorsque le générique de fin se termine vous réalisez à quel point vous étiez contracté.
Des films qui, de par leur ancrage dans la réalité et leur volonté de montrer ce qui s’est vraiment passer -en l’enrobant ou pas- vous font trembler.
Des films qui, par leur visuel ou leur timing vous font bondir à coup sur.
It n’est pas vraiment ce ces films là.
It nous montre le méchant dès le départ. Il joue certes sur une peur commune d’une chose aussi innocente qu’un clown, mais grosso modo, il nous montre dès le départ que la créature qui se cache sous les traits blancs et rouges n’est pas jojo à voir. Zéro suspens, zéro travail de l’imagination à attendre de ce côté là.
Pourtant, même si ça n’a pas franchement une tête d’ange, on a vu bien pire côté créature hideuse et monstrueuse. La bestiole est bien faite - spécialement sa manière de se mouvoir et de se désarticuler - mais on a vu plus terrifiant. Même Alien, qui partageait un peu la même dentition, avait plus de potentiel horrifique.
Côté ancrage dans la réalité et création d’une ambiance anxiogène dont il est impossible de se défaire, It repassera encore. Une ville où les disparitions sont 6 fois plus importantes que la normale - plus encore chez les gamins - mais qui n’intrigue personne ? Où tout le monde se voile la face ? Une odeur pourrie de bizarrerie et de loucherie qui n’étonne personne ? Mais bon, le film le revendiquerait presque. Mais même si les gamins eux même relèvent la chose, on l’accepte, on ne s’en offusque pas, mais on se retrouve quand même un peu à distance. Et le fait que le film alterne des passages angoissants et des scènes plus tranquilles, baignée d’innocence pré-adolescente fait retomber la pression au lieu de pousser la cocotte à exploser.
Pourtant, It est relativement efficace dans son genre.
Efficace car il montre que les vilains méchants monstre ne sont pas forcément les plus effrayants dans notre monde où des ados peuvent devenir de plus en plus monstrueux, où des enfants peuvent se trouver victime des personnes qui sont supposés être leurs protecteurs et leurs modèles, où une horreur cesse d’exister dès lors qu’une actualité nouvelle se présente.
Efficace car comme dans toute histoire de Stephen King, on prend le temps de se familiariser avec les personnages, et qu’en plus ceci ne sont que des demi portions qu’au fond on aimerait bien protéger.
Efficace car les acteurs sont bons et bien mis en scène. Les enfants comme Pennywise, très bien choisit pour le rôle.
Efficace car même si vous savez parfaitement que ce changement de musique annonce un truc louche - ce qui devrait donc annuler l’élément de surprise et donc une bonne partie de l’angoisse - les manifestations de ça gardent quand même un bon potentiel. Pas d’effroi en soi, mais un certain malaise, une appréhension -surtout que le bonhomme ne frappe pas à chaque apparition.
Mais surtout efficace car il vous ramène des années en arrière, quand vous n’étiez qu’un gosse. Cette histoire de gamins unis face au danger tels les goonies ou les enfants perdus vous font entrer dans leur groupe, vous rajeunissent de quelques décennies et vous font partager leurs frayeurs.
Alors j’admet que je n’étais pas fière devant ce It. Une partie de l’angoisse qui baignait l’image que j’avais de l’histoire a forcément joué sur mon visionnage, mais le film en lui même se débrouille plutôt bien. Ce n’est certes pas le film le plus flippant de tous les temps mais il reste sympas à regarder et nous offre un joli casting qu’il est plaisant de découvrir. Un visuel bien travaillé et une bande son qui joue son rôle pour planter l’ambiance du film. Une petite critique de notre société qui cache elle aussi des monstres qui n’ont rien d’irréels pour couronner le tout et justifier à la fois les peurs profondément ancrées dans les entrailles de personnages ainsi que leur courage. Difficile de demander beaucoup plus. En tout cas, je sens que d’ici peu, je me ferai enfin le livre…