Attendu comme le Messie depuis presque dix ans, changeant de réalisateur et d'acteur principal en cours de route, voué à la base comme un projet casse-gueule, Ça est bel et bien là, renouant avec nos peurs les plus anciennes pour une seconde adaptation visant à nous faire oublier le générationnel téléfilm de 1990. D'abord confié à Cary Fukunaga ("True Detective") pour atterrir dans les mains expertes de Andrés Muschietti, talentueux réalisateur de Mama, le long-métrage se faufile entre les adaptations ratées de Stephen King, les films d'épouvante aux allures de copies conformes et surtout les récentes innombrables séries.


Son auteur tente de respecter au maximum le roman initial, évitant bien entendu certains passages trop violents, en oubliant volontairement d'autres par souci de rythme et modifiant bon nombre de scènes pour les remettre au goût du jour, notamment sur les différents aspects monstrueux du clown et ses diverses apparitions face aux enfants. Hélas, en dépit d'une bonne mise en scène, Muschietti n'évite pas les jumpscares prévisibles, les séquences bariolées et autres facilités scénaristiques au profit d'une réelle ambiance terrifique, privilégiant les mini-effets choc à la terreur véritable que l'on espérait ressentir de nouveau.


On saluera sans sourciller la transposition de l'intrigue dans les années 80 (le roman original se situait 30 ans plus tôt) et leur reconstitution au même titre que la musique signée Benjamin Wallfisch et la direction d'acteurs, le nouveau Club des Losers n'ayant rien à envier à ses prédécesseurs du téléfilm de 1990 (qui étaient tout de même plus soudés et par conséquent plus mémorables). Pareillement pour le clown, ici interprété par le génial Bill Skarsgård, qui nous offre une version parfois nettement plus perverse que celle, inoubliable, de Tim Curry, mais également plus cartoonesque.


Mal présenté dès le début comme un réel monstre alors qu'on aurait pu frissonner devant une image concrète du pédophile, le croque-mitaine n'effraie jamais hormis lors d'une séquence d'intro inoubliable, ratant ainsi le coche au même titre que les passages horrifiques, toujours trop courts et jamais efficaces, le réalisateur préférant les effets à outrance au lieu de proposer une angoisse palpable. Dommage. Dommage aussi pour certains personnages trop peu approfondis (Stanley et Mike notamment) et qu'une poignée de séquences soient si vite expédiées, principalement sur le final pourtant excellent.


On aurait ainsi souhaité quelques minutes supplémentaires sur les frasques du Club pour en faire une vraie bande de casse-cous à la Stand by Me. Dans l'ensemble, Ça est une réussite, enterrant beaucoup de films ratés basés sur Stephen King, mais sans être pour autant l'adaptation tant fantasmée, Muschietti n'arrivant clairement pas à sortir du carcan des films d'horreur actuels pour délivrer quelque chose de vraiment original et personnel. On préférera le mémorable téléfilm de Tommy Lee Wallace, plus long, plus dense et plus fidèle sur de nombreux points, qui, lui, arrivait à nous faire peur.

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Créée

le 1 avr. 2019

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