Je n'aime pas toujours le cinéma politique italien, mais dans le cas présent, je me souviens avoir bien apprécié ce polar politico-judiciaire, c'est une intrigue assez embrouillée adaptée d'un bon roman de Leonardo Sciascia, "Le Contexte" que j'avais lu peu de temps après (à cette époque d'adolescence je lisais beaucoup plus qu'aujourd'hui).
Le film part dans une enquête tortueuse autour de groupuscules extrêmistes, sur ses agissements mystérieux, la corruption des institutions dans une démocratie affaiblie, les crimes d'Etat, et s'inscrit dans la thématique des films complotistes de la décennie 70. Tout cet appareil de machination contenu dans de labyrinthiques circonvolutions qui dissimule un pouvoir réactionnaire a quelque chose de fascinant, car les différentes pistes trouvées par le personnage de l'inspecteur Rogas incarné par Lino Ventura, aboutissent à des impasses ou des directions confuses qui font froid dans le dos. C'est une sorte d'imbroglio avec des gens qui tirent les ficelles et qui tentent de déstabiliser la démocratie italienne, mais le sujet peut très bien avoir une portée universelle, ça vaut pour de nombreux pays.
Heureusement que Francesco Rosi a choisi de suivre le roman de Sciascia en adoptant une trame linéaire et continue, en écartant une chronologie éclatée comme c'est souvent le cas dans ce type de film, car l'intrigue est suffisamment floue et dense pour perdre le spectateur qui suit tout ça d'un oeil distrait. Malgré un aspect qui à première vue peut paraître ardu ou rebutant, ce polar atypique reste assez passionnant ; Lino Ventura qui y retrouvait sa langue d'origine, y est impeccable, bien entouré par un casting de poids où l'on trouve quelques acteurs français comme Charles Vanel, Marcel Bozzuffi ou Alain Cuny, mais aussi Fernando Rey, Max Von Sydow, Luigi Pistilli (un acteur fétiche de Sergio Leone), Tina Aumont et Renato Salvatori.