Francesco Rosi signe un film politique qui s'inscrit dans la grande tradition paranoïaque des années 70, rappelant les œuvres de Costa-Gavras, Henri Verneuil ou Alan Pakula.
Le récit de "Cadavres exquis" se déroule dans l'Italie des années de plomb, marquée par la radicalisation des mouvements d'extrême-gauche et par de nombreuses affaires de corruption.
Ici, des magistrats sont assassinés l'un après l'autre, et Lino Ventura incarne un flic qui tente de mener son enquête au sein des élites du pays, parmi les caciques du Parti Communiste et de la droite catholique, dans un climat d'instabilité politique et de grèves syndicales.
"Cadaveri eccellenti" vaut surtout pour la réalisation inspirée de Francesco Rosi, qui installe une atmosphère singulière, entre austérité froide (les longs couloirs des ministères, les églises, les prétoires...) et séquences plus baroques, à l'image de la scène d'ouverture dans les Catacombes des Capucins de Palerme, où sont exposées les fameuses momies.
Hélas, l'intrigue est assez difficile à suivre, avec un nombre important de protagonistes et une mise en scène assez lacunaire, qui ne m'aura pas permis de cerner clairement tous les tenants et aboutissants de cette affaire pour le moins complexe, surtout avec une méconnaissance des institutions italiennes et de cette période tourmentée.
Reste donc à l'esprit une variation assez floue sur la théorie du complot, à la forme particulièrement soignée, dans laquelle on aperçoit tour à tour des acteurs tels que Charles Vanel, Max Von Sydow, Marcel Bozzuffi ou encore Renato Salvatori.