A rebours de d'aucuns, Café Lumière nous semble un film plat, surfait, faussement poétique, à la mise en scène quasiment inexistante et desservant un discours aussi creux que ceux des personnages, enfermés dans leur mutisme. On a beau essayé de faire le rapprochement (forcé) avec le grand Ozu, après avoir gratté de-ci de-là, on ne trouve que quelques bribes thématiques (le train, la famille, l'échec de la communication, le conflit intergénérationnel) traitées de manière simpliste, sans la profondeur, la grandeur de construction, la force subtile du vénérable cinéaste. La mise en scène de Hou Hsiao-hsien est quasi nulle, et puisqu'on veut à tout prix le comparer (mais dans quel piège HHH s'est-il lancé les yeux fermés!), nous sommes à même de nous demander: où sont les champs / contre-champs matérialisant formellement les conflits, la maîtrise du plan séquence? Quid de la tragédie insidieusement glissée dans le quotidien apparemment banal des personnages? Et qu'en est-il de l'art des dialogues, parfois aidé par le souffle du saké, et qui ici frôlent le ridicule par leur vacuité insignifiante?
Et bien, rien de tout cela. Néanmoins, hélas, certains, aux bienveillantes intentions certes, mais infondées selon nous, se forcent à voir du génie là où il n'y a qu'une pâle copie insipide, fade, sans goût, un leurre à touristes cinéphiles à la recherche du chef d’œuvre perdu et se contentent d'une contrefaçon de maître made in Taïwan.
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