Cake est dans la lignée de Still Alice, deux films dramatiques, ne tombant jamais dans le pathos et portés par deux actrices Jennifer Aniston, puis Julianne Moore. La seconde a reçu un oscar pour sa performance, la première n'a même pas été nominée. Une injustice, tant elle porte ses blessures, tout en sobriété et prouvant, qu'elle n'est pas seulement une actrice comique.


Jennifer Aniston sera pour toujours Rachel dans Friends, un rôle récurrent dans une série populaire touche et marque un plus large public, comme on peut le constater avec Kevin Spacey devenant Frank Underwood grâce (ou à cause) de House of Cards, malgré une immense carrière cinématographique. Cela peut devenir un handicap, de nombreux acteurs n'ont jamais réussi à se défaire de leurs personnages, pour s'imposer sur grand écran : Tom Selleck (Magnum), Don Johnson (Deux flics à Miami), Frankie Muniz (Malcom), Calista Flockhart (Ally McBeal), etc....
Mais de tout les acteurs de Friends, elle est la seule a avoir aussi eu du succès au cinéma : Bruce tout-puissant, Marley et moi, Comment tuer son boss ? ou Les Miller, une famille en herbe. Sauf qu'elle est restée dans le même genre : la comédie. Une zone de confort ou elle semblait se complaire, en repoussant parfois légèrement les limites, en jouant une nymphomane déjantée dans Comment tuer mon boss ?.
Cette fois-ci, elle passe un cap, avec ce rôle dramatique. Une femme meurtrie, le corps marqué par de multiples cicatrices, souffrant du dos et accroc aux anti-douleurs. Elle s'affiche sans maquillage, n'usant d'aucun artifice. Cela peut paraître superficiel, on peut se dire que c'est à la portée de n'importe qui, mais dans un monde ou les apparences sont devenus si importantes, surtout à Hollywood, elle a le mérite d'afficher son naturel tout le long du film et de rester belle et touchante. Mais Jennifer Aniston n'est pas seulement une belle femme, ce serait vraiment facile, de la réduire à ses charmes. Il y a son regard, ou se lit une douleur, masquée par son attitude froide et ses sarcasmes. Une femme seule, dont le seul lien social et sa femme d'intérieur Adriana Barraza. Elle supporte son caractère, car elle sait....Sa dévotion est attendrissante, il y a un rapport mère/fille qui s'installe entre elles. Elle la protège des hommes, de ceux qui voudrait profiter de sa douleur. Elle veille sur elle, envers et contre tout.
Jennifer Aniston a une seule ennemie, elle-même. Chaque jour, elle se demande si elle doit vivre ou mourir. Elle va partir sur les traces d'Anna Kendrick, qui s'est suicidée et dont le fantôme vient hanté ses pensées obscures. Une femme qu'elle ne connait pas, mais qui était dans le même groupe de soutien pour femmes en détresses psychologiques, auquel elle assistait, avant d'en être exclue, à cause de son cynisme. Elle va faire la connaissance de son mari Sam Worthington et de leur fils. Leurs douleurs sont similaires : comment survivre après la perte d'un être cher ? Vont-ils trouver les mots, les gestes, pour se réconforter réciproquement ? Ou vont-ils plonger encore plus profondément dans la dépression ? Surtout, que le passé peut resurgir à tout moment, à travers un lieu, un objet ou un homme.
Malgré le sujet, on ne tombe jamais dans le pathos, grâce à l'interprétation de Jennifer Aniston et un supporting cast impeccable. Les face à face avec Felicity Huffman sont savoureux, ils permettent de ne pas sombrer dans le mélodrame. Il en est de même de ses rapports avec Adriana Barraza, ou avec Sam Worthington, qui semble vouloir s'éloigner des rôles physiques, en faisant lui aussi preuve d'un véritable talent dramatique.
Dommage que la réalisation soit aussi effacée et que son scénario se résume à suivre Jennifer Aniston. Elle porte le film, dont elle est aussi la productrice, on est jamais mieux servi que par soi-même. Elle s'est inspirée de son amie cascadeuse Stacy Courtney, devenue accroc aux anti-douleurs, après un accident. Elle a su s'entouré, mais avec un réalisateur plus inspiré, le film aurait au plus d'échos auprès du public et la fameuse nomination à l'oscar, qu'elle méritait tant.


Jennifer Aniston sublime un drame classique. Il y a beaucoup d'humanité dans cette histoire, voir de la naïveté, mais les rapports entre les personnages sont réussis. On sourit souvent, face aux sarcasmes de cette femme, avant qu'elle nous arrache une larme, lors d'un plan magnifique, résumant sa douleur. Un film émouvant et attendrissant.

easy2fly
7
Écrit par

Créée

le 12 avr. 2015

Critique lue 456 fois

1 j'aime

Laurent Doe

Écrit par

Critique lue 456 fois

1

D'autres avis sur Cake

Cake
guyness
4

Piss off, Cake !

Le générique de fin est impitoyable quand il confirme notre (énorme) doute: la toute mimi Jenni a co-produit l'affaire. Nous sommes bien en présence d'un film à performance. Parce qu'elle s'ennuyait,...

le 28 août 2015

30 j'aime

11

Cake
Before-Sunrise
8

Pour vivre heureux, vivons couchés

Il est vrai que je partais, comme beaucoup, avec un a priori positif car je suis amoureuse de Jennifer Aniston. Inutile de le nier, c’est plus fort que moi, depuis Rachel, elle provoque en moi une...

le 15 avr. 2015

18 j'aime

4

Cake
EMar92
9

Critique de Cake par EMar92

Voilà bien longtemps que je n'ai pas écrit de critique et ce film m'a donné envie d'en faire une. En effet il est original dans sa manière de traiter deux thèmes difficiles : le deuil et la...

le 16 avr. 2015

10 j'aime

2

Du même critique

It Follows
easy2fly
4

Dans l'ombre de John

Ce film me laissait de marbre, puis les récompenses se sont mises à lui tomber dessus, les critiques étaient élogieuses et le genre épouvante, a fini par me convaincre de le placer au sommet des...

le 4 févr. 2015

64 j'aime

7

Baby Driver
easy2fly
5

La playlist estivale d'Edgar Wright à consommer avec modération

Depuis la décevante conclusion de la trilogie Cornetto avec Dernier Pub avant la fin du monde, le réalisateur Edgar Wright a fait connaissance avec la machine à broyer hollywoodienne, en quittant...

le 20 juil. 2017

56 j'aime

10

Babysitting
easy2fly
8

Triple F : Fun, Frais & Fou.

Enfin! Oui, enfin une comédie française drôle et mieux, il n'y a ni Kev Adams, ni Franck Dubosc, ni Max Boublil, ni Dany Boon et autres pseudos comiques qui tuent le cinéma français, car oui il y a...

le 16 avr. 2014

52 j'aime

8