En 2016, Rémi Chayé se hissait déjà Tout en Haut du Monde de l'animation européenne.
Il remet cela quatre ans plus tard. En quittant la banquise éclatante et immaculée foulée par Sasha. Pour se retrouver vingt ans plus tôt dans les plaines de l'Ouest se dessinant à perte de vue, avec les mêmes aplats de couleurs tendres et généreuses. Et éclatantes.
Sasha et Martha Jane auraient presque pu se rencontrer et se prendre dans les bras, tellement elles sont voisines de coeur et d'âme. Tellement elles se forgent contre les modèles et les conventions de leur monde respectif. Contre les carcans et le regard des hommes sur leurs conditions.
Peut être encore plus que Sasha, Martha Jane se montre opiniâtre, courageuse, obstinée et indomptable. Elle apprend, auprès des autres mais avant tout par elle-même. Elle se montre tour à tour fière, malicieuse, tête brûlée, caractérielle, désarmante, fragile. Mais toujours immédiatement attachante et charismatique.
A des journées de marche de l'affirmation de tout barbarisme à la mode du type « empourvoirement » forcé et supposé progressiste, Calamity, une Enfance de Martha Jane Cannary ne se pose jamais comme pourfendeur. Au contraire, l'oeuvre est un vent frondeur qui chantera à vos oreilles une ode divine à l'aventure et à la liberté, une quête de soi et de ce que l'on veut devenir dans l'épreuve.
Martha Jane prend la route et ne la rend jamais, au gré de rencontres lorgnant du côté du buddy movie, d'aventures trépidantes au cours desquelles une tornade semble soudain traverser l'écran. Dans une poursuite se déroulant dans un western animé entre Mark Twain et John Ford que Rémy Chayé investit investit dans presque chacun des passages obligés du genre.
Le film se montre aussi déluré et impertinent que son héroïne, qui entame pendant une heure vingt un jeu de rôle malin qui sera l'occasion de lancer quelques remarques ou dialogues savoureux. Et de s'envisager comme une oeuvre universelle et dynamique, au charme fou, d'une beauté à pleurer de joie et d'une simplicité si désarmante qu'elle emporte tout sur son passage.
La réussite de la réinvention de Martha Jane se montre puissante, enthousiaste et flamboyante.
Behind_the_Mask, véritable calamité.