Calculs meurtriers par boffe
Au générique final, j'ai ressenti la même frustration étonnée que lorsque je goûte mon gratin dauphinois. Les ingrédients sont de qualité, j'ai suivi méticuleusement les instructions, le goût n'est pas trop mal, mais ce n'est pas ça. La recette ne tient pas. Comme pour ce film.
La théorie sur les jeux de pouvoir personnel dont il est question dans ce film est lancée très originalement par un exposé en classe. Les deux protagonistes principaux sont bien ancrés dans cette théorie, mais tout est balancé sur un ton très académique, très très "les enfants, voici ce dont nous discuterons aujourd'hui". L'intérêt que je prend habituellement aux explications techniques des scènes de crime est ici grandement diminué par cette approche.
L'autre intérêt que j'aurais dû avoir pour cette histoire est la dynamique des personnages, au centre du propos. Mais non, rien. L'aspect qu'il nous fallait voir est surligné à grands traits pour chacun des personnages. Ça fait bizarre à écrire, mais chaque personnage joue bien son rôle, amenant tel ou tel morceau du puzzle, mais rien de plus. Ben Chaplin et Sandra Bullock sont égaux à eux-mêmes; Michael Pitt est aussi horripilant que d'habitude; Ryan Gosling tire bien son épingle de ce jeu bizarre, il est adorable à souhait et maîtrise bien les scènes plus émotives. Pourtant, on se fout des personnages parce qu'ils sont confinés à une seule dimension de leur personnalité, leur rôle dans cet exposé sur les jeux de pouvoir. Il n'y a là aucune richesse.
À l'instar de leurs personnages, le scénariste et le réalisateur se sont crus plus intelligents que leurs spectateurs. Ils auraient eu avantage à nous respecter un peu plus et ajouter un peu de subtilité à leur histoire. Peut-être que si je respectais mon gratin davantage, il gagnerait un oscar ?