(1977. FR./ Calibre magnum pour l’inspecteur. ITA. : Napoli si ribella
Vu en VOST sur… Netflix !)
Naples, années 1970. Fraîchement arrivé de Milan, le commissaire Mauri (Luc Merenda) arrive dans une cité qui nous est décrite comme une ville à feu et à sang. Alors que des trahisons ont lieu dans l’organisation de Don Domenico (Claudio Gora), Mauri et son collègue napolitain (Enzo Cannavale) remontent peu à peu la piste grâce notamment à des lettres anonymes sous forme de dessins…
Lorsqu’en 1977, Tarantini réalise ce Napoli si ribella, le genre du poliziottesco commence sérieusement à dégringoler, comme tout le Bis italien d’ailleurs. Dans un contexte difficile marqué par les Années de plomb, couplé à l’expansion sans limites des chaînes de télévision, les italiens vont de moins en moins au cinéma… Au-delà de l’aspect sociétal, il faut avouer que depuis le début des années 1970, le genre a eu le temps de s’essouffler et si 1976 demeure une année encore fertile (Brigade spéciale, Big racket…)), la fin des années 1970 n’accouchera que de films mineurs, les réalisateurs les plus inspirés du genre (Di Leo, Lenzi, Castellari…) ayant plus ou moins abandonné le navire tout comme les producteurs…
Durant sa carrière démarrée en 1973, Tarantini aura principalement réalisé des sexy-comédie notamment avec l’inévitable, lorsqu’il s’agit de se dénuder, Edwige Fenech. Napoli si ribella et MKS 118, sorti un an plus tôt, avec Henry Silva et Antonio Sabato, sont donc ses deux seuls polars. Clin d’œil à ses premières œuvres, le cinéaste n’oublie pas ici de nous montrer de la chair fraîche en la personne de Sonia Viviani, qui joue une prostituée qui va vivre un calvaire : violée, droguée, torturée…
S’il n’est pas un spécialiste du genre, Tarantini remplit toutefois le cahier des charges du poliziottesco : courses-poursuite, musique de qualité, des mafieux qui s’écharpent entre eux, un commissaire déterminé aux méthodes douteuses, des morts à volonté, des notables au-dessus de tout soupçon, de la nudité… Grâce à la présence de Enzo Cannavale (Tueurs à gages, plusieurs films de la série Nico Giraldi avec Tomas Milian), il en profite aussi pour instiller un parfum de comédie rendant le duo qu’il forme avec Merenda sympathique.
Tous les chemins mènent à Naples !
Si on est loin des canons du genre, le film ne réservant que peu de surprises mais un bon rythme, Napoli si ribella s’avère être divertissant malgré une intrigue qui s’étiole au fil du film. Autre point fort : Naples, rarement aussi bien filmée dans un film de genre, avec ses ruelles et ses habitants hauts en couleur. On retrouve en tout cas la cité de Campanie dans de nombreux autres polars (Les tueurs à gages, Napoli violenta, Napoli spara…) dont trois entre 1976 et 1977.
En tête d’affiche, on retrouve un français, Luc Merenda, qui depuis sa première apparition en Italie en 1973 avec Torso et Rue de la violence réalisée par Sergio Martino, a essaimé dans le néo-polar, notamment avec Di Leo (Salut les pourris, Colère noire…) ou Stelvio Massi (le sympathique mais méconnu Il conto é chiuso avec le boxeur Carlos Monzon). Souvent moqué pour son manque de charisme, une sorte d’Anthony Steffen !, il s’avère ici très à l’aise en flic cool et autoritaire. Si son chef, Claudio Nicastro (Il boss, Cadavres exquis…), nous fera bien sourire, ce n’est pas le cas des autres tronches aperçues ici ! Parmi les malfrats de service, on retrouve avec grand plaisir Adolfo Lastretti (L’homme aux nerfs d’acier, Corbari, Confessions d’un commissaire…) qui pour une fois a un rôle plutôt important de tueur à gages sans cœur…d’ailleurs son pseudo est « Cœur de chien » ! Ferdinando Murolo (la lame infernale, Société anonyme anti crime, La guerre des gangs), Enrico Maisto (Napoli spara), Giancarlo Badessi (L’accusé) complètent le casting. Enfin, un de mes acteurs fétiches, Nello Pazzafini est également de la partie : juste le temps de planter un traître et Ciao ! N’oublions pas non plus le vétéran Claudio Gora qui semble ici bien s’amuser en Don vieillissant et un peu sensible.
Enfin, vous connaissez ma passion pour les musiques de films italiens, et justement la B.O. de Franco Campanino est superbe alternant rythme funky et disco ! C’est d’ailleurs la musique qui m’a donné envie de voir le film ! Notons qu’un (très bon) insert de la bande son d’Opération Kappa, signée Bixio-Frizzi-Tempera, a été utilisé ici, notamment pour les courses-poursuite en voiture. En somme, si ce Napoli si ribella n’est pas inoubliable, il reste néanmoins très recommandable pour les amateurs du genre.
La B.O. : https://www.youtube.com/watch?v=zh7H14UJ-os
Le thème de Bixi-Frizzi-Tempera : https://www.youtube.com/watch?v=tHr1-PR8ti4