Ça aurait pu être un grand péplum. Il y a de très grands acteurs shakespeariens : Malcom McDowell, Helen Mirren, Peter O'Toole, John Gielgud. De vrais moments épiques : l'intro avec la musique de Prokofiev, la danse de Caligula face à Tibère, l'orgie avec les femmes des sénateurs que Caligula prostitue contre cinq pièces d'or pour renflouer les caisses de Rome qu'il a lui-même vidées. Des décors et des costumes flamboyants. Œuvre de Danilo Donati, le décorateur et costumier habituel de Fellini.
Le travail de Tinto Brass de montrer toute la décadence de Rome et la folie d'un homme à cause du pouvoir est sapé par les producteurs du film qui ont inséré dans son dos des scènes pornographiques. Si les donzelles ne sont pas désagréables à regarder (et pour cause, ce sont les modèles de charme du magazine Penthouse fondé par le producteur Bob Guccione), il n'en demeure pas moins que les gros plans sur leurs parties génitales, les fellations, les cunnilingus que se prodiguent les figurants, n'apportent absolument rien et nuisent à la fluidité de Caligula.
Caligula se mange en outre plusieurs séquences à la violence extrême.
Je pense au viol de Proculus et de son épouse, à la décapitation de son préfet par une faux mécanique, à l'assassinat de Caligula, Caesonia et sa fille.
Il en reste fascinant de laideur et de mauvais goût. Et je ne peux que regretter qu'ils n'aient pas laissé bosser tranquillement Brass au montage de son film.