Dans la chaleur d'un été des années quatre-vingt, le jeune Elio s'apprête malgré-lui à vivre l'expérience qui bouleversera son existence, comme tant d'autres personnes avant lui. Une expérience d'amour, éphémère et déchirante.
Luca Guadagnino nous invite à vivre le temps d'un été, la célébration d'un amour aussi fort que court. Un coup de foudre. La maison de vacances, les shorts et les soirées dansantes. On s'amuse, on joue de la musique, on rêve aussi et on lambine. On s'observe, puis finalement on se jette à l'eau, celle d'une rivière secrète, celle de la piscine familiale et celle qui symbolise l'envie et le désir. Elio et Oliver se retrouvent et s'aiment même s'ils savent que tout devra s'arrêter bientôt, renforçant encore l'importance de cette idylle pour les deux jeunes hommes.
Au-delà de la tendresse et de l'affection qu'il lui offre, Oliver est pour Elio un tremplin vers l'âge adulte, un tremplin auquel la douleur et la souffrance viendront inéluctablement s'ajouter. C'est là toute la beauté du film de Guadagnino, il traduit à merveille ce qu'est un amour de jeunesse. Ces instants dont la douleur s'estompe avec le temps pour laisser place à une nostalgie vivifiante, comme pour nous rappeler ce que c'était que d'aimer vraiment. Elio se souviendra de cela toute sa vie, et il aimera encore, peut-être une fois, dix ou plus, mais il se souviendra toujours de ces quelques semaines passées aux côtés de son Oliver. Ephèbe blond aux yeux célestes, comme ces modèles dont son père lui disait que les plus grands sculpteurs de l'antiquité glorifiaient. Oliver deviendra un souvenir, l'amour éternel d'un paradis perdu.
Sous la caméra immersive de Luca Guadagnino, Armie Hammer et Timothée Chalamet font merveille. A la fois désinvoltes, tendres et attachants, les deux acteurs livrent des prestations magnifiques. Deux opposés réunis pour le meilleur, l'un est grand et fort, l'autre est une brindille au regard électrisant. La mise en scène elle, s'accorde surtout sur les diverses musiques et partitions de la bande-originale. On apprécie notamment l'enivrant morceau Mystery of Love de Sufjan Stevens qui accompagne à merveille cette idylle et lui confère la dimension solaire si particulière d'une romance estivale. Luca Guadagnino s'il ne fait jamais du tape-à-l’œil avec sa mise en scène sait parfaitement la diversifier pour mieux raconter cette histoire, comme en témoigne ce plan final dans lequel Elio souffre une dernière fois pour mieux renaître, point d'orgue de la perte de son innocence.
Call Me by Your Name est une merveille de douceur, un grand film d'amour qui traite son couple avec la délicatesse de ne pas nous imposer de morale. Une belle fable qui déchire autant qu'elle fait du bien. Comme un amour de jeunesse.