Call Me by your Name, Chiamami col tuo nome, est ancré dans une Lombardie plongée dans la torpeur estivale.
Les personnages gravitent au sein d’une nature généreuse, verdoyante, où les arbres ploient sous les fruits, où l’on se déplace à vélo, où les jeunes gens se retrouvent pour se baigner dans les ruisseaux et les étangs environnants. Un univers qui n’est pas sans rappeler le film de Vittorio de Sica Le Jardin des Finzi Contini.
Ce film est d’abord une ode à l’otium, l’art de ne rien faire et d’y trouver une certaine forme de plénitude. Les journées passent et se ressemblent dans la somptueuse villa familiale du XVIIe siècle des parents d’Elio. On y lit, on y somnole nonchalamment, on y mange en bonne compagnie au son des mélodies interprétées au piano par le jeune Elio. Guadagnino impose à son spectateur une temporalité faite d’inertie invitant à la seule contemplation. Contemplation de la nature et des corps dénudés, vigoureux, jeunes, hâlés. Celui du bel Olivier, celui de Marzia et enfin, celui de l’éphèbe Elio. L’acte d’amour est quant à lui suggéré avec une grande délicatesse. Le parti pris de ne pas montrer les scènes de sexe est d’ailleurs louable, évitant l’écueil du voyeurisme sensationnaliste et sublimant ainsi la relation amoureuse d’Elio et d’Oliver. Les tâtonnements du personnage principal, qui perd d’abord sa virginité avec la belle Marzia, sans y prendre vraiment de plaisir, pour ensuite vivre une nuit enflammée avec Oliver et se masturber le lendemain avec un fruit, ont quelque chose d’attendrissant. Et c’est là le vrai mérite du film, montrer la découverte de la sexualité et ses maladresses avec élégance.
Tout est en somme sensuel, délicat, soigné, policé… peut-être trop d’ailleurs, au risque de s’ennuyer durant ces 2h17 comme face à un joli tableau de paysage champêtre. La métaphore des saisons, l’été représentant la passion amoureuse, et l’hiver, à la fin du film, les amours mortes est une grosse ficelle certes poétique mais un peu facile. J’ai pour ma part préféré l’usage qu’en fait Guadagnino dans Amore (2009) où la force vitale de l’été, devenant par moment d’une grande violence, tout comme la passion vécue par les personnages, transparait davantage. La représentation de l’Italie, est, elle aussi, un peu téléphonée. Vieilles pierres, Fiat, soleil, chaleur, bonne bouffe, la carte postale est complète. A cela s’ajoute le côté suranné des années 80, si tendances ces derniers temps. Quant à la villa, c’est une vraie maison de « caractère » airbnb. Bienvenue chez vous ! Les choix esthétiques viennent incontestablement flatter le spectateur sans la moindre prise de risque. Enfin, l’amour étant universel et transcendant les frontières des sexes, de l’âge et des origines, cette passion d’été est au final d’une cruelle banalité. Oui, le bel américain rentre chez lui à la fin de l’été, oui le jeune Elio pleure à chaudes larmes et oui, ils ne se reverront sans doute jamais. On a vu plus original pour pouvoir caracoler en tête des films pressentis pour les oscars.