Je me suis plongée, confiante et heureuse d'avance, devant ce chef d'oeuvre que tout le monde m'avait vendu comme tel... et je n'ai rien compris aux critiques (que j'ai relue après visionnage) : non, définitivement, je n'ai pas vu le même film que beaucoup, et j'en suis bien triste car j'aime avoir du plaisir au cinéma.
Ce film étant un sujet sensible, je sais que je dois choisir soigneusement mes mots si je ne veux pas finir en chair à pâtée mais je me lance, tant pis, adieu monde cruel.
J'ai vu un film très ironique voir même critique sur des grands bourgeois alanguis, gentiment ridicules qui étalent leur savoir à coup de citations et de musique classique, qui disent un peu n'importe quoi et qui parlent extrêmement mal à leur personnel de maison. En fait, pendant la 1ere partie j'ai vraiment cru que c'était ça le sujet du film, une sorte de gentille dénonciation de cette caste coupée des réalités qui se regarde le nombril.
Puis vient la liaison, qui m'a presque surprise tant je n'ai ressenti aucune tension érotique entre les 2 protagonistes. J'ai bien aimé l'égo surdimensionné du bel américain qui essaye de séduire tout ce qui bouge (et qui a la lucidité de dire que ce qu'il écrit n'a aucun sens). J'ai compris l'acharnement du petit à lui courir après pour qu'il le regarde et le considère: nous sommes nombreux et nombreuses à avoir ressenti, si ce n'est de l'amour, au moins du désir pour un adulte alors que nous étions encore un peu jeune et mal dégrossi, mais ce qui m'a étonnée c'est que l'adulte de l'histoire ne fasse aucun cas de la différence d'âge et du fait que c'est le fils de ses hôtes, pas de pudibonderie de ma part ici mais le ressenti d'une absence totale de réflexion de la part de l'adulte, une absence de soin de l'autre, un égoïsme profond qui, si il va bien avec le personnage, ne va pas dans le sens de la grande histoire d'amour que je m'attendais à voir.
Le discours final du père m'a interloqué : réduire la sexualité et toute son exploration uniquement à la jeunesse c'est quand même bien triste et j'aurais été bien traumatisée si mes parents m'avaient tenu un discours pareil (mais QUI parle de cul avec ses parents à part dans cette famille parfaite et si ouverte et tolérante?) Mais je ne nie pas qu'une parole qui prône l'ouverture aux expériences diverses et des figures parentales qui ont un regard bienveillant sur l'homosexualité ce n'est pas rien et ça fait du bien.
Bon et puis, j'avoue, j'ai pas compris le délire d'appeler l'autre par son propre prénom et je me sens un peu bête.