Ce film matérialise un peu le désir d'évasion et d'amour dans les champs baignés du soleil de l'été. D'un point de vue esthétique, tout est beau: la nature, les corps, les esprits des personnages. L'image resplendit de lumière et de couleurs.
Cependant quelque chose gêne. Du point de vue de l'histoire, c'est très pauvre. Il ne se passe presque rien. L'histoire elle-même est classique: deux personnages se tournent autour, ils vivent un peu quelque chose ensemble jusqu'au moment de se séparer. C'est l'histoire éternel des rencontres d'été qui doivent se terminer. C'est aussi l'histoire de l'amour impossible. Mais le souci, c'est que le film joue sur plusieurs plans, ce qui nous donne du mal à suivre le cinéaste. Qu'est-ce qui est raconté au juste? Le désir réciproque de deux hommes qui ne peuvent s'aimer parce que ce sont des hommes? Mais cela est très peu explicité et peu d'éléments vont en ce sens: seulement le discours du père à la fin, les statuts de l'antiquité qui rappelle l'homosexualité de la Grèce antique, et le couple gay amis de la famille. Le sujet n'est pas plus traité que cela. Est-ce que ce qui est raconté alors c'est d'avantage l'histoire brève d'un amour d'été? Mais on ne comprend pas la nécessité de se quitter à la fin! En effet, Oliver peut très bien revenir l'été prochain ou alors il peut être question de se revoir plus tard. Ce n'est pas le cas et l'on comprend mal pourquoi les adieux sont fatidiques. Dernière hypothèse en réserve: est-ce l'histoire du désir naissant d'un garçon pour un invité de sa famille un peu plus âgé? Là encore les éléments sont pauvres ou du moins mal agencés. Il y a tellement d'implicites que l'on saisit mal qui tombe amoureux de l'autre en premier, quand exactement Elio commence à avoir du désir pour Oliver, ce qui fait grandir son désir exactement et à quel moment... Pareil pour Oliver, il ne s'explique jamais et on ne comprend pas où il se situe. Il dit qu'Elio lui plaisait dès la partie de volley, mais sur la place, il dit qu'il ne faut pas parler de ces choses là et ensuite il prend ces distances sans savoir pourquoi et sans chercher à le savoir. On ignore nous-mêmes pourquoi (parce qu'ils sont gays? pourquoi alors est-ce un problème à ce moment du film mais plus après?). Bref, l'ensemble est assez confus et mal ordonné de telle sorte que le film nous laisse un peu sur notre fin. Certains éléments semblent seulement gratuits, sans nécessité.
Le film montre donc de belles choses mais reste sans idées intéressantes, il semble parler de désir sans vraiment en parler et demeure au final assez creux et vide. Si le cadre dans lequel vit le personnage est très riche intellectuellement et esthétiquement, le film en lui-même reste asservit à cette richesse qu'il ne fait que montrer passivement. Les implicites sont peut-être le seul moyen de faire tenir le spectateur en jouant avec ses désirs et son identification au désir d'Elio.
Ce film n'est donc pas désagréable à regarder mais il parle mal de l'amour et du désir (à cause des clichés, il aborde le sujet sans le traiter), évite de parler de l'histoire (à quoi bon nous dire que l'histoire se déroule dans les années 80 si c'est uniquement pour faire un cadre à l'histoire sans expliciter les enjeux de ce cadre?), essaie de décrire un milieu intellectuel en partant encore une fois de clichés (ce n'est pas parce qu'on est dans un milieu intellectuel qu'on ne s'inquiète pas quand son fils saigne du nez, par exemple)...
Plein de choses encore pourrait être dites, plein d'éléments analysés, mais j'en reste pour l'instant sur ces constats.