Bobos intellos en vacances

Cette histoire n'a ni queue ni tête. Les changements de sentiments des personnages sortent de nulle part.

C'est le gros reproche que je peux faire à ce film qui autrement n'est pas dénué de qualités.

Oliver, jeune étudiant, arrive en Italie pour être l'assistant d'un spécialiste de l'antiquité (je pense) qui passe ses vacances en Italie avec sa femme et son fils de 17 ans.
Après des débuts un peu difficiles (parce qu'Oliver part souvent et ne rentre pas manger, je crois), il s'intègre à la famille (à tel point que lorsqu'il s'en va à la fin de l'été, il est comme un second fils) et en cours de route, il s'engage dans une relation avec le fils de la famille.
Bizarrement, le film est plutôt du point de vue d'Elio, l'adolescent, mais j'ai la sensation que le personnage principal est Oliver.
Dilution de la fonction sujet? Je ne pense pas. Un problème de thématisation sans aucun doute où le personnage intéressant n'est pas au centre de l'histoire.

En effet, l'histoire est sensée être la découverte de sa sexualité, de sa sensualité par un jeune homme adolescent et ce n'est pas ce que j'ai vu.
Certes, la réalisation fournit de belles images de l'Italie en été, c'est chaud, c'est coloré, c'est lumineux mais l'esthétisation enlève de la chaleur.
Nos deux héros sont sensés succomber à une attirance et une passion incroyables (cf la conversation de fin sur laquelle je reviendrai) et je n'ai pas vu d'attirance et de passion.

Le soit disant conflit du début à coup d'incompréhension est très maigre, le rapprochement sort de nulle part. Les regards échangés sont vraiment limités.
On nous décrit une relation proche entre Oliver et Elio, les parents en parlent comme d'une amitié fraternelle, presque magique à un moment, mais on ne la voit pas dans le film.

Et soudainement, c'est le basculement, Elio fait un déclaration qui n'en est pas une (pas une scène inintéressante mais étrangement construite) et Oliver, à juste titre, le renvoie dans ses 22.
Pour finir par céder alors que l'autre est passé à autre chose.
Jalousie? Certainement mais leur rapports n'ont pas été suffisamment passionnés ou tendus jusque là pour que son revirement se comprenne. Il semble même être un gros salaud puisqu'il ne cède à Elio que lorsque celui ci a trouvé une petite amie.

Le couple n'est pas vraiment crédible car leur motivations ne le sont pas.
Je me suis assez ennuyée je l'avoue.

L'âge peut être un problème, mais le personnage d'Oliver n'est pas non plus sensé avoir beaucoup plus que 23 ou 24 ans me semble-t-il. Néanmoins, la construction de la dynamique de la relation est mal gérée de ce point de vue là aussi, et on est parfois mal à l'aise de la différence d'âge.
C'est Elio qui est le poursuivant, normalement, mais après le changement d'avis d'Oliver (comme dit plus haut), c'est ce dernier qui prend la main sur la relation et cela devient plus gênant. D'autant qu'en plus ses coups de chaud et de froid peuvent passer pour de la manipulation.

En ce qui concerne les autres personnages qui finalement ne sont qu'une toile de fond assez flous :
Je trouve les parents bien cools sur ce coup cependant (le fils est mineur tout de même) et en adéquation avec tout ce qu'ils font dans le film. Ce sont 2 intellos égoistes qui se fichent du tiers comme du quart du moment que cela ne gène pas leurs études ou leur conversation.

La petite amie, très falotte au demeurant, est évacuée en deux coups de cuillère à pot. Dans ce monde idéal et idéalisé de l'été italien, une adolescente de 17 ans n'aura aucun problème à se faire jeter par le garçon dont elle est folle amoureuse (ça au moins cela se voit clairement) juste après avoir couché avec lui (potentiellement leur première fois à tous les deux). Elle sera tendre, compréhensive et voudra rester son amie. Bien sûr!

La seule scène vraiment valable et émouvante est la dernière conversation avec le père qui sonne vrai. Sauf cette histoire de relation exceptionnelle qui n'arrive pas à tout le monde! Où est cette relation? C'est pas parce qu'on nous le dit que c'est ce qu'on nous a montré.
Toutes les autres conversations du film sont un ramassis de clichés et sonnent faux, comme les comportements.

Ce n'est pas cependant un très mauvais film, il est esthétiquement bien construit et très beau à regarder. L'Italie, l'été, le corps mis en valeur (générique de début très subtil).
La fin n'est pas triste, elle est logique et me convient parfaitement.

Un film un peu creux, pas mal joué même si je ne suis pas fascinée par Timothée Chalamet.
Le second est en route, je lui donnerai sa chance, je suis intriguée.