Pendant 1h30, vous voilà transformé en voyeur d’un récit sordide et infect. Celui d’un chanteur ringard (ce qu’on aurait aimé que ce soit Franck Mickael) qui pour s’être paumé dans une contrée perdue, sera transformé en femme de substitution, contre son gré et subissant les pires sévices, par son hôte aubergiste. C’est glauque, malsain, mais nullement gratuit ! Ce genre de scénario s’avère très souvent casse gueule, avec son lot d’images trop gores et des effets appuyés de mise en scène. Là pas du tout ! Fabrice du Welz, qui signe ici son premier long, est diablement doué. Il nous offre une partition « carrée », fluide et nerveusement menée. C’est la vision pure et dure du calvaire, qui va crescendo jusqu’au paroxysme. La perspective d’un monde déshumanisé où l’amour semble n’être plus qu’une vue de l’esprit inaccessible et où les victimes à force d’être humiliées se désincarnent avec abnégation. Lucas et Berroyer sont époustouflants dans ce duo de choc. Calvaire est une film fort, un vrai pamphlet social de notre société dans ce que l’homme pourrait en faire… Voilà une œuvre qui n’aurait pas déplu au Bunuel du début de carrière…