Camille Claudel 1915 par Selenie
Juliette Binoche, la plus grande actrice actuelle du cinéma français incarne Camille Claudel pour le réalisateur Bruno Dumont qui, lui, ne m'a jamais touché. Il faut avouer qu'avec ce film il signe son meilleur film. Cependant Bruno Dumont reste une fois de plus dans uen radicalité qui est autant sa qualité que son défaut. Car si Juliette Binoche incarne de façon sublime l'artiste, de l'humilité du jeu à la détresse du personnage elle reste l'atout majeure du film mais aussi, peut-être son unique atout. En effet face à elle Bruno Dumont place beaucoup trop d'amateurisme. Il a tourné avec de réels malades et de réelles infirmières qui jouent les nonnes ; les malades sont filmés trop souvent en gros plans avec une sensation de voyeurisme qui n'apporte, dans le fond, pas grand chose tandis que les femmes qui jouent les nonnes sont particulièrement mauvaises (elles ne sot pas actrices c'est évident). Mais ce ne sont pas les seuls. L'acteur Jean-Luc Vincent qui joue Paul Claudel est tellement appliqué à réciter son texte par coeur que tout ce qu'il dit sonne faux. Ce qui est étonnant puisque Bruno Dumont a réussi à tirer le meilleur de Juliette Binoche (pas de scénario, improvisation et imprégnation du personnage) d'une façon qui contrecarre le total contrôle des autres personnages, dont surtout Paul Claudel. Une recherche du cinéma vérité qui frôle très souvent avec le non-cinéma. Toute l'austérité de l'hôpital psychiatrique est bien rendue, l'incroyable pessimisme transpire à chaque instant mais Bruno Dumont a fait des choix qui créent un traitement bancal. D'un côté une sorte de documentaire qui ne raconte rien et de l'autre une actrice prodigieuse pour une artiste qui ne l'est pas moins.