Noémie Lvovsky voit l'âge dans le temps
C'est un de ces films qui vous attirent, sans trop savoir pourquoi. Peut-être bien parce qu'il parle de la vie, tout simplement.
Celle de Camille semble engloutie, trop vite avalée et mal digérée, comme une énorme gueule de bois de 25 ans. C'est précisément d'autant d'années que cette grande enfant va remonter dans le temps, à l'heure où Katrina inonde les pistes avec ses Waves, celle du salon kitsh et des walkman, et à celle des 16 ans: innocents, frivoles et jouissifs. Et cette question: "Qu'est-ce que tu ferais si tu savais tout ce qui va t'arriver à l'avance ?".
Noémie Lvovsky n'hésite pas une seconde, elle et son personnage prolongent les secondes de cette adolescence 2ème du nom. Le rythme n'est pas un problème, les dialogues, c'est son dada, et le plaisir, pour sûr qu'elle en prendra, plutôt 2 fois qu'une !
La constance, la justesse et la maîtrise d'un ton joyeux, une comédie décomplexée et affranchie de toute rigueur, un dévergondage du cinéma français. On retiendra bien évidemment la bande-son plus qu'honorable de Gaëtan Roussel. (Quand Louise attaque, Camille redouble). Mais aussi des personnages secondaires détaillés, et par-dessus tout une Noémie Lvovsky bluffante, qui des 2 côtés de sa caméra, dépucèle la comédie dramatique à sa manière, vraisemblablement la meilleure.
"Nous sommes ici dans la capture perpétuelle du regard, du geste, de la seconde. Et parce que nous ne pouvons rien changer au destin, il nous faut apprendre à cultiver l'instant, en faire un moment. Goutez la seconde, laissez-la fondre. L'existence n'en sera que plus sucrée."
Perchée sur sa bicyclette, Camille redouble d'efforts et nous offre un moment de cinéma unique, peut-être parce qu'il parle bien de la vie, tout simplement.