Ancienne assistante-réalisatrice de Federico Fellini sur "Huit et demi" (1963), Lina Wertmüller, cinéaste italienne d'origine suisse, compte une trentaine de films à son actif, dont "Histoire d'Amour et d'Anarchie" (1972) – nominé pour la Palme d'Or en 1973 – et la comédie noire "Pasqualino" (1975). Pour son activité en tant que scénariste, signalons l'improbable comédie féministe "Quand les femmes avaient une queue" (1970). Pour "Camorra", par contre, le ton n'est pas à l'humour mais à la noirceur dans ce film de mafia au ton insolite.
Plusieurs meurtres sont commis sur divers membres de la "Camorra", la mafia napolitaine. A chaque fois, on retrouve sur leur cadavre une seringue plantée dans leurs parties intimes. Nunziata, ancienne prostituée, est fortement soupçonnée par la police d'être liée à ces meurtres en série, voire d'en être l'auteure, sans compter que les parrains locaux commence à s'intéresser de près à cette femme également.
Via un film de gangsters, Lina Wertmüller nous parle avant tout du rôle de la femme dans la société napolitaine, ainsi que du positionnement de celle-ci par rapport à des brutes sans vergogne qui vendent des drogues dures aux enfants. Ce conflit est symbolisé par la relation d'amour-haine qui lie Nunziata au personnage de Frankie, bandit notoire. Mais la dépendance de cette relation finira par éclater en mille morceaux, laissant l'ex-prostituée meurtrie, mais plus combattive.
(cette critique est parue de le mensuel satirique liégeois "Le Poiscaille" en mai 2012)