Ouch... Après avoir enchaîné quantité de films tous plus immoraux les uns que les autres (voir mes autres critiques sur les films "Catégorie III"), entamer un gros morceau comme le fameux "MEN BEHIND THE SUN : CAMP 731" reste quand même difficile. Il s'agit sans aucun doute de l'un des films (peut être LE film ?) les plus insoutenables que la Chine aura produit durant les années 80/90 !
En effet, le film raconte les exactions macabres qu'ont commis l'armée japonaise en Mandchourie au sein du Camp 731 durant la Seconde Guerre Mondiale, ces derniers étant en quête d'une arme bactériologique capable de riposter face aux invasions américaines et russes.
Ce qui est assez terrifiant dans ce "CAMP 731", c'est cette façon qu'a le cinéaste Tun Fei MOU de filmer ces atrocités sans véritable point de vue, avec une froideur glaçante, intensifiée par des images d'archives, des plans du camp que l'on peut voir au début, et surtout en utilisant des panneaux textuels dévoilant le nom d'une victime, son âge, la date de sa mort.
Certes, on peut se demander si toutes ces informations sont véridiques, chose qui semble difficile vu que les japonais ont détruit toute trace du camp à la fin de la guerre. Le cinéaste cherche très certainement à montrer l'horreur de la guerre, mais surtout l'horrible comportement des soldats japonais, observant sans aucune émotion l'agonie de cobayes (qu'ils appellent les "maruts") dans des expériences immondes, souvent gratuites (le cobaye enfermé dans une cabine pressurisée)
Et pourtant, l'armée japonaise est toujours présentée de manière sobre. Jamais les personnages sont dans le surjeu, surlignant l'immoralité de leurs actes ! On va même jusqu'à avoir de l'empathie pour ces jeunes ados japonais enrôlés de force, formatés pour poursuivre les expériences qu'ont commencé leurs aînés.
Mais ce qui reste le plus étonnant dans "CAMP 731", c'est que Tun Fei MOU ne se place JAMAIS du côté des cobayes chinois (le film étant chinois, on aurait pu se retrouver face à un pamphlet rempli de ressentiments envers le camp opposé).
Notre cinéaste, ancien réalisateur chez la Shaw Brothers (il aura également réalisé l'excellent et non moins terrifiant "Lost Souls", que j'ai également chroniqué) va ainsi proposer quelques beaux moments de cinéma malgré l'horreur montrée.
Mais... forcément, il y a des couacs. En effet, la réputation de "CAMP 731" ne vient pas uniquement de ce qu'il raconte, mais de ce qu'il montre clairement : Encore une fois, si vous êtes du genre sensibles, ça n'est même pas la peine d'essayer de regarder ce film qui risque de vous donner tout simplement envie de balancer votre TV par la fenêtre !
Car si Tun Fei MOU reste un bon cinéaste, éthiquement, le mec a l'air franchement limite ! En témoigne ces séquences de snuff animaliers absolument gratuites et insoutenables (notamment un chat qui se fait bouffer par une centaine de rats - une séquence interminable qui tombe dans une certaine complaisance et qui est juste impossible à concevoir telle quelle à l'époque avec de faux animaux) mais surtout, la vivisection d'un enfant ENDORMI ! Qui plus est, il semblerait que dans cette scène absolument immonde, le réalisateur serait parvenu à filmer véritablement l'autopsie d'un enfant mort en demandant aux personnes en charge de revêtir les costumes du film ! Si cela est véridique, c'est tout simplement dégueulasse !
Difficile de conclure clairement, c'est une expérience très dure qui peut mettre en évidence les limites de notre éthique face à ce que l'on peut nous montrer. Je ne peux pas dire que je n'ai pas aimé le film bien que je déplore ces séquences de snuff qui n'ont pas forcément d'utilité dans le film (contrairement à "Cannibal Holocaust" par exemple), car Tun Fei MOU est loin d'être un manchot de la caméra (une scène à la fin m'aura particulièrement subjugué en terme de style et de symbole, alors qu'un jeune chinois se fait empaler par un drapeau japonais, son sang gicle sur le drapeau en gros plan)
Au moins, vous ne pourrez pas dire que vous n'avez pas été prévenu !