La franchise "Camping" fait l'objet d'un bashing conséquent,de manière tout-à-fait injuste.Ce n'est évidemment pas du grand cinéma mais la saga est très fréquentable.Il y a là une description des français moyens qui touche plutôt juste et une ambiance estivale décontractée très plaisante.On y stigmatise les travers de ces beaufs qui passent depuis un tas d'années toutes leurs vacances dans le même camping,dans les mêmes tentes et mêmes caravanes situées au même emplacement précis,des dragueurs joviaux et un peu alcoolos qui s'éclatent en allant ensemble à la plage dans la journée,en prenant des apéros en commun,et en occupant leurs soirées entre le Shogun,la boîte du coin,et les fêtes organisées au camping.Car ces gens,à force de passer leurs congés au même endroit,ont tissé des liens et sont devenus amis.Mais ce qui distingue la franchise du cinéma habituel,genre "Les Tuche",c'est que le mépris de classe en est absent.On nous montre les défauts,d'ailleurs pas bien graves et très répandus,de ces personnages mais surtout leurs qualités car ils sont plus finauds qu'on pourrait le penser et ils ont du coeur.Du coup,ce sont ceux qui les snobent qui se font étriller,à l'instar du gynécologue incarné par Gérard Lanvin dans "Camping" ou de l'animateur télé joué par Gérard Jugnot dans cette troisième livraison.Ce qui est naturellement dû à un Dubosc qui connait parfaitement le sujet pour avoir énormément campé avec ses parents durant sa jeunesse,ce qui explique la tendresse visiblement nourrie pour les protagonistes.Certes,comme bien des séries de films,ça baisse au fil des épisodes.Le premier opus était excellent,le second était limite et s'essoufflait à copier servilement le précédent,et cette troisième fournée descend encore d'un cran.C'est toujours réalisé par Fabien Onteniente,qui coécrit le scénario avec son acteur vedette Franck Dubosc,et le résultat est assez bizarre.En effet,on perd ici une grosse partie de l'ADN "sea,sex and fun" de la série au profit d'une atmosphère cafardeuse de fin d'époque.Les auteurs ont fait le pari risqué de tenir compte du temps qui passe,ce qui arrive rarement dans les sequels qui présentent généralement des personnages invariables.Plutôt que de concocter une énième comédie diluée,ils ont choisi d'évoquer la fin d'une époque,d'un monde appelé à disparaître,d'un mode de vie.Les anciens propriétaires ont vendu le camping à un nouvel exploitant plus moderne et friand de méthodes "américaines" qui a viré les habitués de leurs emplacements traditionnels pour les reléguer au fond de la propriété,près des chiottes.Paulo vient seul car Sophie l'a quitté,leur belle histoire est finie,tandis que Jacky,atteint d'Alzheimer,est complètement largué.D'accord,on voit immédiatement qu'il simule pour se goberger de pastis et faire le con mais le résultat est le même,d'autant que vu son âge c'est crédible.Du reste,sa femme Laurette et lui paraissent bien fatigués.Et la crise économique est passée par là,obligeant "le 37" à faire des travaux au camping pour financer ses vacances.A part ça,les enfants ont grandi,sont devenus de jeunes adultes et ne passent plus leurs vacances avec leurs parents dans ce temple de la ringardise,le tout étant souligné par une musique nostalgique déprimante.Restent le Shogun,les après-midi plage,les animations du camping et le bal de fin de saison.Et Patrick Chirac bien sûr,dernier vestige des années dépassées,qui s'accroche désespérément à ce monde,sans se départir de sa bonne humeur et de sa mythomanie.Cet angle d'attaque est courageux et méritoire mais ça ne fonctionne pas vraiment.Le scénario est tissé de trop grosses ficelles et de répétitions qui nuisent au rythme alors que les péripéties sont assez décousues.Les dialogues alternent traits de génie et idioties périmées tandis que les personnages sont par trop caricaturaux.L'atmosphère désabusée fait en outre mauvais ménage avec la drôlerie intense de certaines scènes,car ça demeure sur le fond une comédie qui joue la carte du conflit des générations.Le casting habituel répond présent,à l'exception notable de Mathilde Seigner dont l'absence se fait cruellement sentir,tout ça pour tourner une série de merde.L'attraction principale est le traditionnel numéro de Dubosc qui,dans son rôle fétiche,sait transcender le ridicule assumé de Patrick pour en exprimer la touchante humanité.Antoine Duléry est encore une fois magnifique avec son Paulo déboussolé par son divorce et doutant désormais de son hétérosexualité.Si Claude Brasseur et Mylène Demongeot semblent aussi fatigués que Jacky et Laurette,le très bon et trop méconnu Laurent Olmedo prend en revanche du volume dans le rôle du 37.Philippe Lellouche fait une entrée remarquable en nouveau manager épris de méthodes révolutionnaires,et le couple Gérard Jugnot-Michèle Laroque assure dans des emplois de bourgeois faux-jetons dont ils sont coutumiers.Cristiana Reali en handicapée et Sophie Mounicot en cougar affamée sont marquantes en dépit des situations quelque peu malaisantes qu'elles doivent gérer.