Surfant naturellement sur la nouvelle vague de la Blaxploitation horrifique instaurée par Jordan Peele il y a peu, ce faux-remake de Candyman confirme sa teneur mercantile et reste bien en deçà des espérances. Car ne vous méprenez pas, il y a autant de bonnes choses à conserver qu'un ensemble relativement raté qui suinte la modernité fragile dans cette deuxième suite qui oublie les films de Bill Condon et Turi Meyer (une autre nouvelle mode hollywoodienne).
Produit et co-écrit par Peele himself, cette séquelle a le mérite de ne pas être un vulgaire remake ou reboot du film de Bernard Rose, exploitant le mythe du tueur au crochet pour en concevoir une nouvelle trame inédite où un jeune peintre obnubilé par la légende urbaine va s'immiscer un peu trop dans le passé, quitte à rouvrir une boîte de Pandore qu'il fallait oublier. L'idée, sans être stricto sensu originale, tient la route et offre une perspective différente à la franchise tout en souffrant également d'un sérieux manque d'imagination quant au reste de sa conception.
Car, confié à l'auteure de Little Woods, le produit final rate son parcours, son atmosphère hésitant entre la timide paranoïa, le body horror aussi discret que bienvenu et le bref slasher tout en loupant clairement son côté pamphlétaire. Jouant aussi bien avec brio qu'avec outrance sur les jeux de miroirs et les arrière-plans, ne délivrant jamais la tension nécessaire à chacune des quelques scènes de meurtres et n'allant clairement pas au bout de ses idées visuelles, Nia DaCosta ne délivre pas une œuvre marquante, au mieux un film bancal toutefois très bien interprété par l'intégralité de son casting.
Certes bien plus maîtrisé que les bouses à CGI que l'on nous sert depuis des lustres, encore une fois plus esthétiquement travaillé et plus soutenu mais néanmoins inconsistant dans son ensemble, Candyman ne nous fera pas oublier la terreur du film de 1992, ni ses thématiques puissantes et ironiquement bien plus d'actualité que sa suite tardive.