Pour lire en musique.
Il fallait un film pour les réunir tous - dixit moi – et c'est avec quelques éminents membres du site que je me suis trouvé bien en peine de conseiller un film, problématique courante pour qui a une banque de données trop imposante.
Les films défilent, personne de d'accord. Une personne sort de la salle et c'est alors qu'Aristochat frappe, balançant un "Candyman ça s'rait bien !"
C'est lancé, ça ne plaît pas à tout le monde mais bon, au moins le choix est fait. Sachez-le, l'Aristochaton est fourbe.
Candyman est assez effrayant - je te rappelle que j'ai peur de Shining mec - dans ce qu'il accompli en parvenant à insinuer progressivement un malaise profond lié au danger omniprésent, à l'oppression urbaine qu'elle soit celle des beaux quartiers comme des barres d'immeubles déliquescentes. Je crois que vous l'aurez remarquez, j'aime énormément les environnements en plein délitement, je suis assez friand aussi du tropisme de K. Dick, soit dit en passant. Ce sont des thèmes qui résonnent en moi et les environnements en décomposition filmés comme des enclaves urbaines propice à l'inflation d'une rumeur d'un autre temps, cet espèce de fragment sujet aux résurgences de croyances rétrograde, de crainte primaire.
Chaque chose en son temps, l'histoire en premier lieu. Hélène, incarnée par Virgina Madsen, est une thésarde en sociologie qui se décide à enquêter sur la persistance des légendes urbaines, particulièrement celle du Candyman, capitaine crochet aux allures de basketteur de NBA (Tony Todd) qui tuerait dans les ghettos quiconque serait assez fou pour remettre en cause son existence. Méprisé dans le milieu universitaire masculin, Hélène s'investit presque inconsciemment sur cette enquête en plongeant dans les ghettos noir de ghetto en proie à l'omerta, population terrorisé par ce Candyman dont l'existence devient de plus en plus tangible.
Outre la bande-son de Philip Glass qui à elle seule bâtie une ambiance angoissante et oppressante avec un thème entêtant qui ne vous fera plus regarder un miroir de la même façon, la réussite du film est de ne pas basculer dans un slasher bête et méchant mais dans un film d'angoisse perpétuelle, de doute omniprésent qui remet en question la santé mentale de sa protagoniste principale accusée des meurtres du Candyman. On prend plaisir à voir cette femme douter d'elle-même et basculer dans une folie qui m'a rappelé quelques scènes d'un asile dans l'Armée des Douze Singes tandis que le sadisme du Candyman se révèle dans ce jeu malsain du chat et de la souris.
Le personnage du Candyman est de par son histoire et sa prestance un véritable croque-mitaine omnipotent, pénétrant chaque parcelle de Chicago. Son design sanglant, pourrissant sous son énorme manteau, la cage thoracique évidée et occupée par une ruche d'abeilles. Ajoute à ça la voix de stentor du bonhomme et son air grave, tu as les ingrédients pour une bonne terreur nocturne.
Candyman c'est le conflit social en sous-texte, conflit hommes-femmes, favorisés et précaires, ghettoisé et boboisé. Avant tout, c'est la persistance de ces peurs primaires qui suintent les pores du béton, transpirent à travers ce vernis craquelé de la modernité.