Si Candyman démarre comme un film de genre assez classique, il tente assez vite d'atteindre d'autres dimensions, explorant d'autres genres et notamment le thriller, avant que la folie s'immisce peu à peu dans l'atmosphère de ce conte urbain et macabre.
Bernard Rose signe une oeuvre bien particulière, s'appuyant d'abord sur l'aspect mythe et légende avant de le mêler à la réalité en prenant bien son temps. Il dévoile peu à peu des éléments laissant planer le doute, ou non, sur la véracité de la légende du Candyman. Il s'appuie avant tout sur la protagoniste, c'est via elle que l'on découvre le mythe, et tout ce qui gravite autour d'elle devient assez vite secondaire.
Le film est clairement découpé en deux parties distinctes, la première, assez classique, met en place les éléments, elle est efficace mais aurait peut être gagné à être plus travaillée. La seconde est celle faisant la qualité de Candyman, celle où il y a un basculement dans la folie et où on se demande si tout est réel ou non. C'est tout le récit qui devient fou, avec des touches à la Argento (Phenomena notamment) et du baroque qui viennent sublimer ce portrait de femme, tant dans l'atmosphère que la réalisation (gros plans sur les visages, les images incrustés, sans excès ...). Les partis-pris fonctionnent, que ce soit dans la mise en scène ou le récit et le chamboulement de la vie privée de la protagoniste.
L'autre aspect intéressant de Candyman se trouve dans sa dimension sociale et historique, avec des décors urbains en ruines ou les descendants d'esclaves entassés dans des cités renvoyant au triste passé américain. Rose ne pousse pas cela vers une profonde réflexion, mais c'est intéressant à plus d'un titre et offre une certaine richesse au film, justifiant d'ailleurs le choix de déplacer l'action de Liverpool (dans l'écrit original) à Chicago. On notera aussi une bande originale collant bien aux images, principalement dans les moments où la tension est à son comble, ainsi que de bons comédiens.
En signant Candyman, Bernard Rose se montre inspiré et laisse doucement la folie s'immiscer dans un récit palpitant, notamment dans sa seconde partie, et qui ne manque pas d'intensité, d’ambiguïté ainsi que d'une dimension sociale et historique.
Merci à El Grande OG