Que se passerait-il si votre vision du monde ne se limitait qu'aux affirmations d'une personne dans un périmètre restreint bien défini ? Imaginez vous grandir et devenir adulte sans n'avoir jamais quitté votre domicile, abusé par les mensonges perpétuels de vos parents vous façonnant un monde de codes et de règles complètement faux.
Canine est une fenêtre vers ces questions que vous n'avez jamais du vous poser même si d'un point de vue plus général, il ne s'agit là que de la transposition d'une politique totalitaire.
C'est en cela que le film, véritable ovni à la fois étrange et intelligent trouve sa force. Ce père de famille façonne le monde qu'il désire à ces enfants en les enfermant chez lui à l'aide de mensonges et si cela donne parfois droit à des scènes absurdes mais malgré tout assez touchantes (les "zombies" dans le jardin, écouter chanter grand-père), l'ensemble reste majoritairement dérangeant aussi bien dans certaines scènes que dans l'idée d'asservissement permanent par la tromperie qu'il semble dénoncer. Et le film, s'il souffre d'un rythme assez lent trouve son souffle dans ce voyeurisme totalement improbable, presque fantastique et montre bien que tout contrôle possède sa part d'imprévus. Ca démarre avec une part de mystère et d'incompréhension qui nous surprend, puis on oscille entre sourire et dégoût pour être lâché au final avec tout un tas de questions. Certes au générique de fin, on reste perplexe mais avec le temps, on se rend compte de toute la cohérence et de l'intelligence de cette oeuvre à première vue sans queue ni tête, de ce film Grec qui nous sort des sentiers battus du cinéma sans oublier de faire des clins d’œil à de véritables classiques du divertissement.
Déroutant sur le moment ce qui empêche de l'apprécier pleinement mais néanmoins brillant.