Pas de chance pour « Cannes, le festival libre » : alors que celui-ci est antérieur, j'avais découvert quelques semaines auparavant « Cannes 1939, le festival n'aura pas lieu », reprenant quasiment à l'identique les informations sur ce « premier » festival de Cannes : Philippe Erlanger et Jean Zay à l'origine de ce dernier pour contrer la fasciste Mostra empoisonnée par le pouvoir politique, préparations grandioses, invités de (grand) luxe... Cela dure une bonne vingtaine de minutes comme ça, le choix des images et la pertinence du commentaire fait par Charlotte Rampling prêtant parfois à débat, notamment lors de quelques « sorties » pour le moins hasardeuses (le tacle gratuit à Corinne Luchaire, vraiment pas classe).
Le récit s'éclaire un peu une fois que nous sommes plongés dans l'Histoire, notamment à travers le parcours du ministre Zay, véritable héros jeté dans la boue et n'ayant probablement jamais eu la reconnaissance qu'il méritait. La lecture de ses lettres, son regard sur la période : bien que s'éloignant de son sujet initial, ce passage est sans doute le plus fort du documentaire. La suite s'intéresse à Erlanger, sa position de plus en plus délicate vis-à-vis de l'occupant et sa « fuite en avant », jusqu'à la « délivrance » lors de la Libération... On a encore droit à quelques égarements franchement gênants (« nous ne citerons aucun nom concernant les passagers du train de Berlin », mais on prendra quand même bien le temps de montrer, notamment, les visages de Danielle Darrieux et Suzy Delair, plus hypocrite, tu meurs), les choix d'archives m'ayant paru parfois à la limite du fainéant.
Reste la satisfaction d'en savoir un tout petit plus que 52 minutes plus tôt (l'horreur du nazisme, on a beau connaître par cœur, ce n'est jamais mauvais à rappeler, surtout aussi concrètement), faire connaître au plus grand nombre Jean Zay étant à mon sens indispensable, mais il est évident que ce documentaire peu percutant et souvent maladroit s'effacera très vite de ma mémoire.