Deux journalistes et deux cameramen de télévision, dont les reportages sont célèbres pour leur côté réaliste et sensationnel, décident de monter une expédition en Amazonie. Leur but est d'y retrouver les dernières tribus cannibales, les Yamamomos et les Shamataris, qui continuent de vivre comme à l'âge de pierre, à seulement quatre heures d'avion de New York. Un challenge de taille puisque toutes les équipes qui se sont lancées dans cette aventure n'en sont jamais revenues. Sur place, leur traque absolue du scoop et des images choc va vite tourner au drame et se retourner contre eux. Habités par une folie meurtrière, les cannibales vont aussitôt s'acharner sur les quatre reporters. C'est le professeur Monroe, anthropologue de renom, qui découvrira l'ampleur du carnage en partant à leur recherche...
Voilà un film à ne pas mettre entre toutes les mains. Ruggero Deodato (qui a tourné un nombre incalculable de films dans sa vie – plus de 200 paraît-il – dans des genres très différents), n'hésite pas à montrer l'insoutenable. Le film, qui commence comme une sorte de documentaire, tourne vite au film gore "réaliste". Les scènes de cannibalismes (d'un réalisme rarement égalé et proprement hallucinantes) sont très dures à visionner. Il y a des moments où l'on ne sait plus trop quoi penser. Est-ce la réalité ? Tout cela s'est-il vraiment passé ? Un peu à la manière du Projet Blair Witch plus récemment, Cannibal Holocaust joue la carte du réalisme et brouille les pistes. Le spectateur ne sait donc plus trop sur quel pied danser.
L'histoire, un peu difficile à suivre par moment à cause de nombreux flash-backs (on suit les aventures des quatre reporters disparut en même temps que le professeur Monroe, via une vidéo projetée dans une salle), a parfois du mal à captiver le spectateur.
Les scènes d'anthropophagie sont osées. Très osées mêmes (un des reporters se fait arracher le pénis à coups de pierre – aïe ! – et en gros plan siouplaît). De nombreuses scènes sont difficilement supportables, comme celle du viol dans la boue de la jeune cannibale par les trois reporters (le quatrième, une femme, assiste ébahie au spectacle, avant d'y prendre part à son tour). C'est parfois même carrément gerbant (une cannibale est "punie" par son "mari" d'une manière odieuse via l'introduction d'une pierre cloutée dans un certain orifice – cette scène est ignoble).
Adoré ou détesté, le film de Deodato demeure un film ovni. Entièrement tourné en décors naturels (pour renforcer l'aspect réaliste du film), le film offre quelques moments de frissons mais reste, très difficile à regarder sans ressentir une impression de malaise. Même avec le cœur bien accroché, on ne peut que laisser échapper des soupirs de dégoûts face à certaines scènes particulièrement corsées.
Si le film de Deodato est entré dans légende des "shock-horror movies" c'est bien par son réalisme et ses scènes gores outrancières. Personnellement, je n'ai du visionné le film que deux ou trois fois, et cela m'a suffit ! La mise en scène est anarchique (remarque, avec le peu de moyens dont ils disposaient, ils n'auraient pas pu faire mieux) et l'on s'ennuie ferme durant de longues séquences de dialogue (qui n'apportent pas grand chose à l'histoire en plus).
Au final, Cannibal Holocaust reste une curiosité qu'il est bon d'avoir vu au moins une fois dans sa vie. Et si le film paraît terriblement daté aujourd'hui, il n'en a pas pour autant perdu de sa force. Le film est quand même (très) fortement déconseillé aux personnes (très) sensibles !
Clin D'oeil :
Vingt ans avant Blair Witch, Ruggero Deodato livre le tout premier film d’horror-reality, en adaptant au film de cannibales les enseignements du maître du néoréalisme Roberto Rossellini. Cannibal Holocaust, toujours (très) efficace et malsain, fit scandale à sa sortie, en raison des images extrêmement violentes qu'il comporte, prétendument réalisées sans trucage.
Parmi les nombreuses scènes marquantes/choquantes du film, on retiendra le massacre d’une tortue par l’équipe de journalistes. Réalisée "pour de vrai", la séquence risque de soulever le cœur du spectateur sensible… et d’horrifier les amis des animaux.-
Longtemps censuré et interdit dans de nombreux pays, Cannibal Holocaust est un sommet d'horreur viscérale. A sa sortie, L'ambiguïté du projet, qui emprunte au documentaire et au snuff-movie, le film est entretenue par le distributeur au moment de la sortie, à tel point que le réalisateur Ruggero Deodato se verra accusé par la justice italienne d'avoir filmer les véritables meurtres de ses acteurs à l'écran, d’autant que les comédiens, mis au secret durant un an, avaient disparu de la circulation.Poursuivi pour meurtres, Ruggero Deodato les fit venir au tribunal pour prouver qu’ils étaient encore en vie et décida de passer à la télé avec eux pour montrer qu'ils n'avaient pas été tués. Il sera relaxé une fois s'être montré avec son casting en chair et en os... Une chose est sûre : on ne ressort pas indemne de Cannibal Holocaust.
. Poursuivi pour meurtres, Ruggero Deodato les fit venir au tribunal pour prouver qu’ils étaient encore en vie.