On se ramollit peut-être, mais "La Mandoline du Capitaine Corelli" (titre VO vraiment plus joli) nous a touché... 1940, en Céphalonie, la fille du médecin, jeune femme en fleurs, se marie par amour (trop tôt) à un soldat qui part au Front défendre la Grèce contre l'Italie, et il lui revient un soldat italien qu'on installe comme un "hôte indésirable" dans la maison... La Guerre se joue aussi à l'apéro, en soirée, au détour d'une ballade au village. Sauf que, celui que l'on rêverait de détester, le "tortionnaire tout trouvé", n'est en réalité qu'un malheureux musicien, gratteur de mandoline à ses heures perdues, chantant quelques cantates italiennes avec ses amis, et ne sait même pas tenir un pistolet. On soupire de se trouver dans l'entre-trois de ces personnages, dont on connaît les intérêts contradictoires à chaque scène : la fille ne voit que le "potentiel meurtrier de son mari qui n'est pas revenu du Front", le médecin est forcé d'accueillir le soldat (on apprend sur le tard
qu'il obtient des médicaments en échange de la pension
) mais ne sait pas bien conseiller sa fille (il n'aimait pas particulièrement le soldat grec, et voit que l'italien n'est pas un mauvais gars), et le soldat n'a rien demandé et s'en prend plein la tête, sans broncher. Avec un casting scintillant (Nicolas Cage, Penelope Cruz, John Hurt, et Christian Bale dans un petit rôle), une histoire pleine d'humanité, et un rythme plutôt bon, ce film nous a pris au jeu de savoir comment tout cela allait terminer. On a bien compris que la fin était (très) épurée et gentillette comparée à celle du livre, mais on aura le temps de sortir les kleenex quand on s'achètera le roman (dont on découvre l'existence depuis qu'on avoue apprécier le film, nettement moins côté...), en attendant on aime bien le final proposé par l'adaptation filmique. On retient surtout le casting très investi (à voir en VO pour les accents méditerranéens), les paysages qui font du bien aux yeux, et évidemment l'histoire qui oscille entre épanouissement d'une jeune femme (au caractère déjà bien trempé) et l'idée très belle qu'il vaudra toujours mieux poser ses doigts sur les cordes d'une mandoline, que sur une froide gâchette.