Capitaine Phillips par HugoKerscot

Un sacré film que ce Capitaine Phillips. On est saisi par le réalisme effrayant de ce long-métrage (adapté d'une histoire vraie), qui ne cède pas trop facilement aux artifices des thrillers américains qui rendent le tout, justement, artificiel. Ici, c'est mesuré, mais c'est quand même assez prenant pour ne pas décrocher de l'histoire à un seul moment. Au final, cette histoire elle-même est relativement simple : une bande de pirates somaliens attaquent un cargo et prennent en otage le capitaine. Mais le film se révèle étonnamment plus profond qu'il n'en a l'air, révélant des conditions de travail assez limites pour l'équipage du cargo, n'étant pas armés pour se défendre face à la piraterie courante dans ces zones (d'ailleurs, depuis, ils sont mieux protégés avec des personnes assurant leur sécurité), mais aussi, plus étonnant, du côté des pirates somaliens, qui n'ont de "pirates" que le nom puisque ce sont simplement des pêcheurs vivant dans la misère forcés par des milices terroristes à attaquer des cargos. Les relations complexes entre ces pays pauvres et le commerce international et les richesses à outrance qui passent juste devant leur nez est également évoqué.

L'image est soignée, la photographie très propre, le jeu d'acteur est fabuleux des deux côtés, on a presque l'impression d'avoir affaire à un documentaire tellement c'est bien joué (et l'acteur jouant le fameux Muse ressemble beaucoup au real one, qui croupit maintenant en prison pour une peine de 33 ans). On n'est pas dans du sensationnalisme, on est dans la justesse, le héros n'est pas glorifié et montré comme musclé se défendant seul contre les hordes de pirates sanguinaires armés jusqu'aux dents et arrivant à s'en défaire et à les tuer tout en se préparant une petite infusion camomille et en philosophant sur le sens de la vie. Et pour autant, c'est étonnant comment on s'accroche à cette histoire de quelques jours qui se déroule sur deux bonnes heures qu'on voit à peine passer.