Moore fait du Moore : et alors ?
Alors oui, Michael Moore n'a définitivement pas le talent pédagogique de Jean-Christophe Victor le présentateur de "Le dessous des Cartes" sur France 5.
C'est vrai, Michael Moore ne cesse de cabotiner , et c'est fréquemment irritant : la scène ou il débarque a Wall Street en fourgon blinde est longue, pas drôle et parfaitement inutile.
Indéniablement, ses documentaires sont brouillons, parfois démagogiques, on est loin de la rigueur et de la cohérence de "Inside Job" par exemple.
Et pourtant j'ai bien aime "Capitalism : A Love Story" ...
J'y ai appris sur la crise financière de 2008, et cela après avoir vu dans la foulée "Too Big To Fail", "Inside Job", "The Last Days Of Lehman Brotthers", "The Love of Money" ...
Car Michael Moore derrière tous ses travers, apporte une touche inédite; sa passion non feintée pour son pays et pour la démocratie Américaine, et cela se reflète dans son documentaire , avec des moments uniques :
* On est abasourdi quand un éditorialiste du "Wall Street Journal", avoue sans pudeur qu'il n’est pas trop fan de la démocratie, et qu'il lui préfére le capitalisme.
* On est ému aux larmes lors du dernier discours profondément humaniste de Franklin D. Roosevelt, et on réalise la régression sociale et idéologique qu'a subit son pays ces dernières décennies.
* On est surpris quand Ronald Reagan, le Président du Monde Libre, est brusquement presse par l'agent de Wall Street d’abréger son discours.
* On reste atterre quand le représentant de Général Motors explique qu'il faudrait éventuellement licencier tous les ouvriers Américains pour pouvoir continuer a vendre des voitures ...a des Américains ...
De nombreux documentaires ont été réalisés sur la crise financière de 2008, la plupart bien meilleur techniquement que celui de Michael Moore. "Capitalism : A Love Story" est plus simplement le cri du cœur d'un patriote Américain, a l'oppose des vils hypocrites de Fox News, qui s'insurge que les vautours de Wall Street aient été assistes par le "Taxpayer Money", autrement dit, par l'Etat Providence, si conspue.
Alors oui, pour peu qu'on se soucie un peu plus du fond et moins de la forme, ce documentaire vaut tous les débats tortueux que j'ai pu voir sur les chaines françaises après la crise de 2008... pas vrai Yves Calvi ?