Caprice, c'est l'histoire d'un homme timide, sincère et très sensible (Emmanuel Mouret) qui tombe sous le charme de son actrice favorite, la belle Alicia (Virginie Efira). Très vite, par un hasard plutôt bien tourné, ils vont tomber amoureux l'un de l'autre et vivre une vie de couple. Alors que leur idylle semble être un véritable rêve éveillé, l'arrivée de Caprice (Anaïs Demoustier) dans la vie d'Emmanuel va tout remettre en question...
Caprice n'a de comédie romantique que les codes éculés du scénario. L'humour est quasiment absent du long-métrage, le rythme, qui doit, au mieux, rester fort, au pire, faire du grand huit, est d'un calme presque asphyxiant. Si la tiédeur des péripéties empoisonne l'intention du réalisateur, on arrive tout de même à l'apprivoiser au bout d'une heure de film ; et on se dit, il était temps. Caprice est une romance, presque un drame dans l'étalage de ses différentes perceptions de la fascination amoureuse, toujours pudique et bienveillante. Ainsi, l'infidélité n'est jamais raillée, plutôt démontrée comme l'art et la manière de trouver sa place dans une société individualiste. Ce n'est pas osé, mais c'est joliment appréhendé.
"Le cinéma n'est pas la réalité, le cinéma c'est avant tout du cinéma. En faisant le film, j'ai été essentiellement guidé par la notion de plaisir que j'ai éprouvé adolescent devant certains films, beaucoup plus que par celle de réalisme. Plaisir d'être avec les personnages, les décors, la musique (...)". Emmanuel Mouret
La lourdeur des aléas redondants du scénario n'est pas gênante car le réalisateur-acteur-scénariste a fondé son film sur une idée toute simple, celle d'une fable quasi-romanesque où les doutes intérieurs des personnages s'accumulent pour mieux se dissiper par la suite. Il n'y a jamais de nuance, les plans sont beaux, la musique jazzy très présente, les mouvements de caméra accompagnent très lentement les protagonistes, au rythme de passions conciliantes comme un fleuve d'amour en continu. Caprice raconte les caprices du cœur, ni plus, ni moins. Si le film manque quelque peu de réalisme dans sa manière de traiter son rapport à l'autre, il met en revanche un point d'honneur à ne jamais juger ses personnages et à contenter le spectateur en les faisant tous passer par victimes, puis bourreaux ou l'inverse. La mise en scène est comme une caresse sur la joue, délicate et affectueuse.
Virginie Efira, grande habituée des comédies romantiques, n'est, finalement, pas au centre de l'intrigue, puisque comme tous les autres, elle devient rapidement un "simple" maillon du quatuor. Son personnage n'est qu'un faire-valoir et connaissant sa capacité à amener intelligence et piquant à son jeu, c'est une déception. Anaïs Demoustier, encore une fois, et bien aidée par un personnage déstructuré en manque de repères, prouve, s'il fallait encore le prouver, qu'il faudra compter sur elle dans les années à venir et offre de jolis moments lorsqu'elle ne se singe pas elle-même. La frontière entre son talent élastique d'oratrice et la monotonie de son phrasé est très légère. Laurent Stocker, dont l'intérêt au rabais est symptomatique d'un film qui se cherche sans jamais se trouver, n'apporte aucune plus-value. Emmanuel Mouret, quant à lui, est prisonnier de son personnage attentiste et réservé. Il plombe, par son charisme en demi-teinte, doux euphémisme, quelques scènes qui, grâce à Caprice notamment, auraient pu être d'une indicible beauté. Il y a des réalisateurs qui peuvent se permettre, pour éviter les frais et par narcissisme justifié, de jouer dans leur propre film. D'autres, un peu moins...
Je ne vous conseille ce film qu'en cas de fanitude aiguë de ce genre de cinéma. Sinon, passez délibérément votre chemin, si ce n'est le sourire de Virginie Efira durant quelques nuits, ce film n'apportera rien de nouveau à votre vie...